Colère fragile.

Tout le monde s'en tape de Cyrus je vois.

Les vacances d'été passent mal, faut dire. C'est le printemps quoi.

Malgré le succès populaire de Plastic Hearts, l'estime artistique qu'elle mériterait demeure absente... Et si je comprends un peu pourquoi (manque d'affirmation identitaire) c'est d'autant plus curieux qu'après de multiples tentatives à se chercher, la donzelle semble avoir fini par trouver son chemin.

Comme une page qui se tourne et une nouvelle ère qui s'ouvre, plus "définitive" ; en mélangeant toutes ses influences empruntées de ses débuts à aujourd'hui, j'ai l'impression que Miley a forgé un style propre. Synth pop un peu psychédélique frappé d'un soupçon de Rock et d'un zeste d'électronique construisant doucement un schéma cohérent.

À l'écoute de l'album, on traverse la discographie de la jeune femme qui nous offre ici une sorte de conclusion.

On navigue en terrain connu et il y a cette fois assez peu d'expérimentations. Tout au plus quelques sonorités nouvelles sur Handstand (qui me fait penser à du Lady Gaga période The Fame), ou le plus schizophrénique Muddy Feet s'éloignant du trop classique couplet/refrain. À l'influence de Sia se faisant largement ressentir dans le final...

Aux mélodies plus sobres (Rose Colored Lenses, You, Wonder Woman) ou convoquant les racines de notre star (Thousand Miles), se côtoient des rythmes plus décalés aux refrains massifs globalement tous accrocheurs, colonnes vertébrales de titres (très) courts qui savent résonner longtemps sans fatiguer.

Mon seul bémol personnel, tout à fait relatif, concernerait le texte.

Pratiquement aucun n'est mauvais, ni insipide, à deux ou trois exceptions près. Le problème est ailleurs...

Malgré une volonté affichée d'extérioriser un bien-être intérieur certes plus évident que durant ses errances des dernières années, certaines douleurs de Miley restent vives. Ont du mal de cicatriser...

Je comprends ça, je compatis et respecte la difficulté qu'elle éprouve à en sortir.

Simplement, j'espère qu'elle ne s'y complaira plus trop longtemps. Pour elle-même bien sûr, puis pour nous auditeurs.

Car s'il est toujours plaisant de l'entendre vociférer des textes simples mais venimeux, le gimmick n'est jamais loin et la pertinence artistique à long terme potentiellement bancale.

Autant la colère contenue de Flowers reste douce-amère à tendance positive ; ça me fait plaisir pour elle, humainement, elle retrouve un peu de lumière... Autant Muddy Feet ne se prête pas à de multiples sous-lectures. Ou alors cela m'a échappé.

Je suis con hein, c'est bien possible !

Après moi je m'en tape, c'est pas mes oignons. Mais "monsieur, qui qu'il soit" en prend plein son grade et ça fait vaguement redondant face à des titres comme WTF Do I Know, par exemple.

Si l'ensemble des morceaux paraît dessiner un désir d'émancipation, il en émane un ton bien plus mélancolique en vérité. Celui d'une personne toujours meurtrie tournant difficilement la page, une bonne moitié du disque traitant des relations amoureuses. Pas forcément en bien...

Reste que la musique est efficace et certains arrangements parfois subtiles, une guitare délicate parsemant ses accords à très bon escient.

La chanteuse demeure cette femme entière que je continue d'apprécier, consciente de l'image qu'elle renvoie et sachant quelle direction donner à une carrière déjà florissante mais dont la qualité ne décroît pas malgré d'évidents égarements.

Endless Summer Vacation s'il reste un opus très accessible contenant de fort belles chansons, me semble moins évident à apprivoiser que son prédécesseur.

Plus complet, peut-être plus riche également. Moins chelou que Dead Petz, plus original que le classique Younger Now, se situant plutôt entre ces deux extrêmes et reflétant quoiqu'il en soit la personnalité de son "autrice", témoignage de "qui est" Miley Cyrus aujourd'hui et qu'elle n'était plus tout à fait hier.

Jusqu'à demain...