Combien de groupes de rock progressif se noient sous le raffut de références trop lourdes à porter, masquant ainsi une certaine absence d’idées, voire d’inspiration ? Quand Big Big Train est monté dans la locomotive à l’aune des années 90, sa musique caractérisée par les influences Yes et Genesis aurait pu les enfermer dans la longue litanie de ces héritiers cumulards. Mais quelque chose s’est passé depuis The Difference Machine (2007) et The Underfall Yard (2009). Pas seulement le départ de Sean Filkins, ni l’arrivée, providentielle, de Nick D’Virgilio (ex Spock’s beard et batteur au feeling exceptionnel). Non, pour rééquilibrer ce rapport aux « monstres sacrés » du genre, Greg Spawton et ses comparses ont suffisamment su faire évoluer leur musique pour en faire un hybride singulier et enthousiasmant.
English Electric, projet en deux parties, renforce cette idée que le chemin emprunté est le bon. Sans réinventer la poudre, Big Big Train s’amuse avec son pédigrée en y ajoutant une touche de cordes avec un quartet qui enracine l’émotion (« The First Rebreather »). Signe d’une sérénité musicale trouvée, l’ambitieux projet n’hésite pas à se faire plus feutré sur le folkeux « Uncle Jack », banjo et mélodie marquante en bandoulière.
Sur le papier, cette première partie répond au cahier des charges. Un album qui ne déborde pas – moins d’une heure – porté par des musiciens impeccables, gorgé de compositions séduisantes et d’arrangements ciselés. Du très groove (« Winchester From St Giles’ Hill »), au seventies (« Judas Unrepentant »), des textures très bande originale (« Summoned By Bells ») à la ballade scintillante (« Upton Heath »)... le programme est complet ! En attendant la suite pour le printemps 2013, ces huit titres nous emmènent dans une Angleterre passionnante, à travers une musique qui a définitivement conquis une véritable autonomie.
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