Enter the Wu‐Tang (36 Chambers) par Skipper Mike

Premier opus du Wu-Tang Clan, Enter The Wu-Tan (36 Chambers) séduit avant tout par la façon dont il fait se rencontrer un univers très urbain et l’atmosphère orientale des vieux films de kung-fu, générant une ambiance hybride glauque et mystérieuse. L’album est ainsi parsemé d’extraits de films ponctuant des chansons basées sur des samples minimalistes. La production apparaît alors plutôt lo-fi, n’aidant pas à l’identification immédiate de chacun des titres mais renforçant dans le même temps l’impression qu’ils ont été directement enregistrés dans la rue. Chaque morceau voit ainsi défiler plusieurs rappeurs dans une sorte de messe sauvage, comme si tous s’affrontaient sans pour autant chercher à éclipser les autres : la formation paraît bien unie autour d'une même cause, comptant sur chacun de ses membres pour pérenniser l’analogie entre hip-hop et culture shaolin. Le tout est parfois un peu répétitif mais témoigne aussi d’une véritable faim artistique, le Wu-Tang Clan cherchant dans l’enchaînement des ambiances soul la transe hypnotique plutôt que l’explosion d’agressivité, sans jamais vraiment se prendre au sérieux non plus, l’album regorgeant d’humour et ce malgré la dureté de certaines paroles. Du rap zen, en quelque sorte.