Alors que John Carpenter n’a plus l’air bien motivé de réaliser un nouveau film, ses oeuvres ne cessent d’influencer les artistes d’aujourd’hui. Et ils ne sont pas que réalisateurs. Depuis quelques temps une nouvelle vague musicale a envahi les oreilles (voire tout le corps) des fans de Big John et pas que.
La tuerie vidéoludique Hotline Miami, elle même influencée par le film Drive, n’y est pas pour rien non plus. En dehors de toute ses qualités visuelles et ludiques, il y a un aspect qui a complètement retourné tout le monde : sa BO. Le son de M.O.O.N., Jasper Byrne, Perturbator et cie s’est planté dans la tête de tout le monde et ne l’a plus quitté.
Parmi ces noms, il y en a un qui est vite sorti du lot : Carpenter Brut. À travers ce nom, l’influence est assumée, l’hommage est total.
Le lien entre le travail de Carpenter Brut et le cinéma est viscéral et dépasse celui qu’il y a avec Big John.
Le premier clip, par lequel beaucoup (dont moi) ont découvert l’artiste, “Le Perv” le prouve : dans celui-ci on plonge totalement dans l’ambiance du ciné bis italien de la grande époque. Ici pas d’ironie, pas de moquerie vis à vis de ce cinéma mythique. Respect complet.
Le clip d’”Obituary”, lui aussi réalisé par Silver Strain, enfonce le clou : l’hommage au travail de Takashi Ishii impressionne, le lien entre l’image et le son est fusionnel, sensuel.
Tout amateur de ce cinéma, de cette musique ne peut alors qu’attendre avec fébrilité le nouvel EP de Carpenter Brut. Après le deuxième qui a confirmé l’artiste, le troisième prend le même chemin.
Dès les premières minutes du troisième EP amorcé par “Division Ruine”, on retrouve là la marque de Carpenter Brut, son rythme, sa richesse, son écriture, la montée en puissance jusqu’à l’orgasme final. Chaque titre musical peut être comparé à un court métrage. De la première seconde à la dernière on passe par diverses sensations, divers plaisirs. Le lien entre sa musique et le 7ème Art est encore une fois très fort.
Après donc un “Division Ruine” qui s’inscrit dans la continuité du précédent EP, on passe à un “Paradise Warfare” à la sonorité plus organique, presque chaleureuse. Certains sons surprenants s’invitent dans l’histoire.
Tout était évidemment bien trop calme, le bien nommé “Run, Sally, Run !” est frénétique, électrique ! Jusqu’à encore une fois ici un instant final tout à fait jouissif.
Alors qu’on n’est pas encore remis de la frénésie de “Run, Sally, Run !”, le puissant “Turbo Killer” enchaine avec une introduction estomaquante, voire gothique.
On tourne la tête, “Anarchy Road” commence sagement jusqu’au choc d’entendre un chanteur dont la voix fusionne parfaitement avec la musique de Carpenter Brut. Osé, parfait.
Le choc est là et “Invasion A.D.” arrive au bon moment. Encore une fois, on est en présence d’un titre cinématographique, à l’introduction calme, coupé en plein milieu par une invasion qui mène irrémédiablement à une conclusion apocalyptique.