Zombies Anonymous par Desperate Zombie
Le film de Marc Fratto est indépendant et ça se sent. Le petit budget du film saute aux yeux. Une fois qu'on a fait ce constat au début du film, on oublie et on se laisse prendre par l'histoire.
Celle-ci a au moins le mérite d'être originale. On est bien loin du film de zombie mainstream bien conventionnel. Ici on n'est pas noyé sous les références, c'est totalement premier degrés, c'est originale et c'est vraiment gore !
Il y avait bien longtemps que je n'avais pas vu un film de zombie faisant autant penser aux œuvres de Romero.
A l'heure où les zombies courent et sont de plus en plus con, Fratto décide lui, de revenir aux bases et de les pousser à l'extrême. Tout comme Romero il en profite pour passer des messages ou du moins pour rappeler des périodes sombres de notre histoire (les camps de concentration, le racisme, l'extrémisme, etc...) et se rapproche indubitablement des zombies. A partir de Day Of The Dead, Romero a cherché à montrer des zombies plus intelligents, qui s'humanisent. Fratto part de là et va donc plus loin. Ses zombies semblent humains, ils ont une conscience et parlent. Trois choses principales les différencient des vivants : leur décrépitude, leur insatiable appétît pour la chair fraiche et leur immortalité (en dehors de la classique explosion de tête évidemment).
Grâce à cela, il peut alors réfléchir sur les conditions de vie de ces non morts et de leur place dans la société. Les idées fusent et on est agréablement surpris. On pense d'ailleurs par moment à la série True Blood par cette façon de rationaliser au maximum un mythe.
Le film est clairement coupé en deux parties. La première (qui représente les deux tiers du métrage) est remplie d'éléments que j'ai cité plus haut. Elle est particulièrement bavarde et plutôt originale sans toutefois être ennuyeuse.
Les acteurs sont plutôt bons, notamment la séduisante Gina Ramsden, parfaite dans son rôle de Angela.
Dans la seconde partie ont bascule alors dans un film de zombie bien plus conventionnel avec des affrontements directs entre les non-morts et les vivants. Ce n'est pas pour autant qu'elle handicape la première partie, bien au contraire. En effet, celle-ci se fait attendre et sa différence totale avec la première la rend encore plus forte. Alors que dans les deux premiers tiers du film les éléments gores sont égrainés sporadiquement, ils saturent ici le dernier tiers. Fratto est généreux en tripes, têtes coupées, tripes etc... Le tout sent évidement le caoutchouc, les tripes venant du boucher du coin et les têtes en plastiques, mais cela renforce le charme rétro du film à l'heure où même Romero se met au gore numérique.
Le film n'est toutefois pas parfait. Le jeu des interprètes n'est pas égal du début à la fin du film. Le rythme de celui-ci a tendance à s'essouffler par moment et Fratto n'est indéniablement pas à l'aise dans les scènes de pure action. Certaines scènes sont aussi bien maladroites.
Un film loin d'être parfait donc, mais cela n'enlève en rien à ses indéniables qualités.
A signaler que la BO est vraiment bonne et variée ce qui donne un certain cachet l'oeuvre.
Zombie Anonymous pourrait ne pas plaire de par son originalité et ses défauts, mais cela a clairement tout de même marché sur moi. L'amour et l'intelligence que Marc Fratto a mis au service du film fait vraiment plaisir à voir.