Deux accords de guitare. La mineur, ré mineur. Une guitare chaude, accueillante. Pouvait-on rêver d'une meilleure ouverture pour cet album ? Give A little Bit, avec son refrain entraînant respire le bonheur et s'impose comme la chanson pop parfaite. Superbe.
Une courte mélodie au piano. Silence. La voilà qui revient, silence à nouveau, et le morceau commence. Une construction plus ciselée qu'une église gothique, lente montée en puissance débouchant finalement sur ce refrain accompagné d'un saxophone, From Now On atteint des sommets. Extatique.
Un chef d’œuvre de 10 minutes, explorant les possibilités du synthétiseur. Le thème esquissé dans l'intro au piano, cuivres et cloches annonçant un discours de Churchill, les basses font monter la tension qui finit par éclater dans une mélodie libératrice, pour enfin laisser place à la voix pleine de nostalgie de Roger Hodgson. Fool's Overture n'a rien d'une chanson idiote, amenant à de nouveaux sommets la pop progressive, ambitieuse sans être écrasante, toute en subtilité malgré ou grâce au synthé. Magistral.
Alors, quel dommage qu'entre ces trois pistes se nichent des morceaux beaucoup plus anecdotiques ! Des mélodies sympathiques, charmantes ou entraînantes pour la plupart, superbement produites comme tout l'album, mais jamais mémorables, à part peut-être Babaji qui reste dans la tête. C'est vraiment regrettable, car ces trois chansons sont tout à fait magnifiques... Quel gâchis.
L'écoute de cet album reste bien sûr très agréable, mais il faut évidemment le comparer à Crime of the Century, et se rendre à l'évidence : alors que sur l'ainé chacune des pistes était un véritable joyau, ici une bonne moitié des pistes ne sont pas grand chose de plus que de banales chansons pop.
De Supertramp, beaucoup retiendront les tubes de Breakfast in America, ou peut-être avec un peu de chance le bijou progressif qu'est Crime of the Century... Et passeront à côté de celui-ci, et c'est dommage car il a beaucoup à offrir !