Il y avait des années que l’on avait cessé de croire à leur retour.
Depuis leur dernier album et le décès de leur batteur, Girls in Hawaii occupait tout de même les bancs de touche de notre baladeur en raison de quelques titres phares. » Bees and butterfly » , » Plan my Escape » et autre » Found in the ground » retentissaient avec une nostalgie prenante accompagnée de l’espoir incessant d’un come-back. Une musique fraîche et dépaysante qui nous propulsait sous les chutes du Niagara, en pleine crise d’adolescence
Tandis que les bacs de l’indie-pop se remplissaient de sosies qui tentaient de prendre la place laissée vacante, une première annonce apparut. Misses. Celle d’un single qui débarquait comme une bombe sous un métro ; une chute de neige au creux de l’été. L’occasion de prouver en un titre qu’ils avaient eu le temps de progresser, mûrir, re-créer. Une fraîcheur inouïe qui débarquait avec l’annonce d’un concert et bien sur, d’un album.
Everest arrive enfin dans nos oreilles avec une clarté qui chasse les erreurs du passé. Adieu saturations de l’époque From here to here – le genre à faire vriller les tympans – dans une forme d’expérimentation douteuse ( » time to forgive the winter » ). Le sommet de l’iceberg se dévoile enfin, à travers un album à la fois puissant et mélancolique. Comme les premières fleurs après la neige, Everest vient apporter une touche moderne. Malgré tout, le monde continue de tourner.
Auparavant purement satisfaits de leurs premiers albums, on en deviendrait presque déçus tant le niveau monte d’un cran. Une maturité inédite prend forme, à la fois dans les instruments et la voix. Celle-ci s’avère plus posée, sans jamais chercher à dépasser son timbre. Rendue plus sensible grâce aux effets des guitares et autres flûtes, son charme dévaste la justesse installée par le passé. Le renouveau du rythme également, plus puissant et plus cadencé, moins aléatoire. Une structure plus abordable sans qu’aucune longueur ne s’installe à travers les titres. L’atmosphère est trouvée. Le détail de plus qui accorde toutes les parties entre elle, le fil rouge qui fait que ça marche. Ces instants tendres mêlés aux plus forts, entre deux coups d’orage et de vocoder ; les montées qui s’installent en une seule impulsion.
L’ensemble possède encore des restes d’une époque perdue, des paroles presque mielleuses liées à des sons un peu trop chaloupés et nuageux. Des ballades légèrement fausses qui font pâle figure à côté de leurs acolytes. Mais malgré ce léger bémol, Everest est un opus de qualité, permettant à Girls in Hawaii de revenir sur le devant la scène, sans rivaux ni talent équivalent.