Blabla Ace
Je comprends pas du tout l'engouement autour de ce projet : entre le franglais crispant et les mille et une punchlines sur des culs, on a le temps de s'emmerder profond (je crois que je suis réac)
le 23 janv. 2022
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Je l'avoue bien volontiers, j'ai découvert Lala&ce il y a peu. Son COLORS a fait l'effet d'une bombe. La voir interpréter Parapluie a conquis beaucoup d'auditeurs, y compris moi, même si la propagande enflait depuis un petit moment.
Il faut dire que sa nonchalance classe et son flow qui donne l'air de glisser sur des vagues de nappes épaisses et enveloppantes sont des facteurs séduction assez irrésistibles. Son rap parait facile mais si vous êtes amateurs du genre, vous reconnaitrez rapidement une technique bien au-dessus de la moyenne du Game francophone.
Je vais pas vous refaire l'histoire de "Qui est-elle? D'où vient-elle? Pourquoi ce Pseudo?". La jeune artiste de 27 ans commence à lâcher des interviews à droite à gauche et le fait très bien.
Non, parlons de cet album autant attendu que la réouverture des salles de concerts. (Fallait voir l'hystérie collective dans ma TL!).
J'ai appris bien après les écoutes répétitives de "Everything Tasteful" que Laore avait choisi un producteur différent par titre. Et bien qu'on puisse partager l'album en 3 (à peu près), cela ne se fait pas ressentir outre mesure. Au contraire, le monde crée tout au long de l'opus est cohérent.
Tout commence avec "Sous tes lèvres", chanson lancinante et érotique. Le tempo est lent, la diction est hachée, le travail sur la voix est parfait, le sentiment d'évasion, grâce à ce clavier au son atmosphérique, domine le titre. Très belle entrée en matière.
Surtout qu"ATLantis" est de la même trempe. Les notes bizarres, légèrement tordues, donnent un caractère étrange, les effluves d'ATL sont bel et bien là. À noter cette ligne que j'adore :
"Tu veux engloutir mes soucis, t'éteins mes clopes avec ton tsunami
Y'a du soleil au dessus de la pluie, si l'eau fait vivre, la fumée aussi"
Puis "Parapluie" que nous retrouvons. Le titre sent la night en voiture à plein nez. La prod de PH Trigano est planante, The Weeknd pourrait tout à fait s'en vêtir à merveille tellement le parfum de Toronto se fait ressentir. À noter le superbe travail sur les vocals.
Le ton change sur "Sipa". Le jeune CHASETHEMONEY, producteur poids lourds de St Louis offre à Lala&ce une atmosphère Drill sombre et menaçante et voit cette dernière découper des lyrics redoutables.
Le premier feat arrive sur la 5ème piste "Gasoleana". Grosse claque R&B futuriste codéiné. red cartier, l'Orléanais, flegmatique et Lala, flottent sur une prod au ton léthargique et langoureux de Blasé. La boucle de guitare et la flûte ondulent, s'accouplent même. Obsédant.
S3nsi Molly, la Texane, vient ensuite cracher ses paroles salaces sur "Viral". Piano sombre, ça tape, le lyonnais Konnor Killa lâche une instru bien obscure sur laquelle Laoré montre encore une fois son flow flegmatique et affûté.
Un flow qui s'exprime à merveille sur "Dodow&ve". Lala est facile, son rap est bluffant, faussement simple dû à cette sensation d'entendre quelqu'un de presque somnolent. Les nappes sont oppressantes, le rythme, inquiétant, l'ambiance général s'est profondément assombrie.
Et ça n'est pas prêt de changer avec le superbe titre "Juju". La prod de Clinton est parfaite, ni trop peu, ni pas assez. Pas de fioritures inutiles, une boucle de guitare envoûtante et le choix de Lala de chanter dans la langue de Shakespeare forment une berceuse Trap que renierait pas Lil Keed.
Dans le même ton, le portugais, originaire de Guinée-Bissau, vient donner un coup de main sur "Nytro". Les deux artiste piétinent la prod Dark Trap enfumée de 404SoundLab.
Le soleil pointe le bout de son nez avec "In Luv Again". Une sorte d'Afro-Beat entrainante bienvenue et surtout vraiment bien produite avec toujours cet excellent travail sur l'Auto-tune qui me fait vraiment penser à Hamza.
Vient ensuite un petit ovni nommé "Cyborg". Lala aidée des inconnus (pour moi) Pull Up Boyz distribuent leurs flows éthérés, c'est étrange et lascif en même temps.
"Laisse ça" est carrément charnel. Le titre le plus dansant du projet et c'est normal puisque nous avons là, Christopher Ghenda, le producteur de talent qui pose. C'est la chanson la plus accessible, la mélodie enjouée reste subtile, les percussions ne jouent pas les gros bras, c'est fin et astucieux.
La collab' tant attendue avec Lancey Foux le rappeur de London Est a lieu sur la 13ème piste. Sur "Holy", Laoré et lui même surfent sur une instru des producteurs fétiches de PNL, Nk.F & Joa. C'est une ballade assez simple mais la magie opère une fois de plus.
Le fantôme de SADE plane sur "Show Me Love". Lala, désinvolte fais danser les mots, réchauffe les corps, érotise les percussions de sa voix sensuelle. Tout est luxurieux, un délice.
"Everything Tasteful" se termine sur une merveille sonore des Risky Business. "Kita" est parfait pour clore l'album. C'est sexy, toujours nonchalant et vraiment charmant.
La toute fin de la chanson ressemble au petit matin, après une longue nuit sous substances diverses et orgasmes à répétitions, quand on décide enfin de se coucher, tirant la couverture jusqu'au menton et choisissant un côté pour s'endormir, apaisé.
Celle qui se dit se sentir parfois comme un Extra-Terrestre, vient de sortir un premier album dans lequel nous pouvons entendre chacune de ses influences et surtout, chacune des ses forces, que ce soit le flow marmonné, le rap fin, la nonchalance pesée ou le choix malin des collaborations.
"Everything Tasteful" est un vrai petit bijou charnel, brumeux, emballant et impudique.
Voilà une rappeuse qui rafraîchit le paysage par son authenticité avec pour seule démarche, faire ce qu'elle aime, comme elle aime et ça, ben ça trompe pas, l'auditeur le ressent.
Pour Lala&ce, l'avenir s'annonce peut-être enfumé et libidineux mais surtout radieux.
8/10
Créée
le 2 févr. 2021
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