Une fin étoilée
DMX (Dark Man X), de son vrai nom Earl Simmons, est l'un des rappeurs hardcore qui a le mieux réussi sur une scène grand public - un artiste avec un énorme impact culturel et une influence qui...
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le 2 juil. 2022
DMX (Dark Man X), de son vrai nom Earl Simmons, est l'un des rappeurs hardcore qui a le mieux réussi sur une scène grand public - un artiste avec un énorme impact culturel et une influence qui s'étendait bien au-delà de son public ciblé, et un style artistique puissant d'une urgence passionnée.
Un rappeur de rue agressif, musclé, une urgence dans le texte qui lui apportait une crédibilité certaine, un mélange de force et de vulnérabilité, une foi inébranlable pour le Christ, le tout sur des textures râpeuse et des rythmes lourds et lâches ponctués par des grognements et des aboiements.
Toute sa vie, il aura lutté contre la dépression, la bipolarité, les problèmes juridiques et sa dépendance à la drogue. Celle-ci aura le dernier mot.
X nous a quitté le 9 avril 2021 sans pouvoir présenter lui même, son dernier album "EXODUS"
EXODUS est un album posthume par circonstance et non pas par processus.
Le producteur exécutif et ami, Swizz Beatz, l’affirme, l’album était bel et bien terminé avant le décès de X. Tout ce qu’on entend sur l’album était intentionnel. L’importance est capitale, à mon goût.
Après multiples écoutes, force est de constater que ce dernier album est le son des étincelles qui se rallument, des amis qui se retrouvent.
Swizz trouve un équilibre précaire entre le Street Rap bruyant des années 90, le R&B fluide et le boom bap minimaliste moderne.
DMX excelle avec ses vieux potes The Lox, Snoop, Icepick et les anciens rivaux NAS et Jay Z mais sait très bien se mettre au niveau de rappeurs du moment comme Moneybagg Yo, Lil Wayne ou le Trio de Griselda. D’ailleurs, ces derniers mènent un mouvement dans le rap qui est vraiment dans l'esprit de ce que faisaient DMX et Ruff Ryders à la fin des 90’s et au début des 00’s. La connexion était évidente.
Dès le tout premier morceau du projet «That's My Dog», DMX établit rapidement qu'il est prêt à partager la scène et le micro avec ses contemporains. Avec des feats de Swizz Beatz et The Lox, le titre est une affaire de famille, une célébration qui donne un ton sérieux à tout ce qui est à venir.
Le morceau suivant «Bath Salts» présente X sous une forme rare. Il a toujours la férocité et le punch lyrique d'antan, avec ses barres résistantes aux autres légendes Jay-Z et Nas. Ces deux derniers ont fait équipe assez souvent ces derniers temps pour donner à ce titre un parfum de classique.
Lil Wayne livre une grosse performance sur « Dogs Out », l’album est en feu.
« Money, money, money » construit sur un sample de Chantal Goya ! (oui, oui!!) maintient la température au-dessus de la moyenne. Le morceau était censé présenter Pop Smoke mais remplacé par la star du rap de Memphis Moneybagg Yo.
Les fans de longue date savent que lorsque Earl Simmons ouvre son cœur, c'est là que son véritable art se manifeste. La preuve sur « Hold Me Down » où son ton bourru sonne si bien sur les touches pleines d ‘émotion d'Alicia Keys. C’est à se demander pourquoi il leur a fallu autant de temps pour collaborer.
le duo étrange avec Bono sur «Skyscrapers», vaut surtout pour ses paroles qui frappent comme un coup de genou dans l’ventre. « Father God, please give me the strength I need, I was born in the dirt, just like you planted the seed
Let me grow «
«Hood Blues» avec les trois membres de Griselda, est un moment incroyable. C'est une combinaison naturelle - l'approche Old School du trio et DMX transpire l’ authenticité.
Se servir d’un monument comme « Sexual Healing » pour inviter Snoop et lâcher des lyrics bien sales étaient osé mais finalement logique tellement Marvin Gaye avait choisi cette direction libidineuse dans sa seconde partie de carrière.
Puis la fin de l’album se rapproche…
DMX était censé devenir un aîné grisonnant partageant ses déboires, expliquant comment rétablir l'équilibre lorsque nos vies sont en désordre. On peut l'entendre dans « Walking in the Rain » et « Letter to My Son (Call Your Dad) », les conseils durement gagnés tirés de l'adversité, l'honnêteté et la remise en question.
Enfin, Earl Simmons s’adresse à dieu, une prière pour clôturer « EXODUS », les mots sont simples, directs, il demande de la force, du courage et le pardon.
La fin de ce dernier chapitre est douloureux mais spirituel.
L'honnêteté par rapport à ses propres peurs, faiblesses et problèmes a toujours été une marque de fabrique de DMX, sa magie réside dans la combinaison d'une agressivité absolue et de la plus grande vulnérabilité possible.
« EXODUS » est un bon album malgré le nombre d’invités et nous le devons en partie grâce à l’alchimie entre DMX et Swizz Beatz.
Entre Bangers crasseux, rythmes froids et introspections, Exodus est un dernier chapitre émouvant, un album posthume qui n'était pas du tout censé l’être, un adieu dont chaque rappeur pourrait être fier.
Salute to the Dog.
Créée
le 2 juil. 2022
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