Un sacrément bon album : c’est l’impression que m’a fait cet album quand il est sorti en 1990, j’étais au lycée et je m’en souviens parfaitement. Aujourd’hui, j’aime toujours me le repasser de temps en temps. Oui, c’est du hard rock sans hésitation reposant sur les riffs acérés de Nuno Bettencourt. Le paradoxe étant que le plus gros tube de l’album, et le plus gros de toute la carrière d’Extreme, était « More than words », une superbe ballade, pas franchement représentative de l’album qui s’est révélé une tornade dont le groupe a eu bien du mal à se remettre. Bon, même si Extreme est un groupe et que la rythmique n’est pas à dédaigner, c’est bien le duo Gary Cherone/ Nuno Bettencourt qui en est à la tête et mène la danse à un rythme d’enfer, le 1er en tant que fantastique vocaliste dans tous les styles ou presque et le 2e en guitariste virtuose, oui, osons le dire, un des meilleurs de sa génération. Bettencourt est un musicien à la fois d’une technique irréprochable (précision, connaissance de la musique au sens large…) mais aussi très créatif : écoutez juste sa reprise du « Vol du Bourdon » de Rimsky-Korsakov, impressionnant ! Et au hard rock, il ajoute une (grosse) dose de funk dans ses riffs, on peut même penser à certains moments à Prince, belle référence s’il en est !
"Lil' Jack Horny" est génial et rehaussé par des cuivres fantastiques, un groove hyper contagieux sur "Get The Funk Out", tout est de ce niveau-là, jusqu’à la ballade crooneuse sur «When I First Kissed You » et même pop sur « Hole Hearted », oui, oui, aucun style ne leur résiste ! C’est vrai, avec une telle variété, on peut risquer de s’y perdre et de passer à autre chose, la production a parfois mal vieilli mais globalement, ce « Pornograffitti » reste hyper solide, un bonheur à réécouter. Et puis, les 2 gros tubes de l’album, excellents au demeurant, « More than words » et « Hole Hearted » (au départ une face B !), ont contribué à les classer dans la catégorie des groupes pour radios FM américaines, alors que leur talent est bien plus vaste. Bon, les « hardos » purs et durs crieront à la trahison commerciale et cracheront sur Extreme mais un groupe qui a toujours refusé d’entrer dans une case mérite un vrai respect. Passez au-delà de ces singles et de vos a priori pour découvrir ou redécouvrir un groupe qui envoie mais dont la discographie est restée au final réduite.