Le troisième album de R.E.M est un album oublié...à défaut d'être réellement oubliable. Cette injustice est dû en grande partie à sa position dans la discographie du groupe : il est pile poil dans la période "ventre mou" des années IRS (juste après les classiques "Murmur" et Reckoning" et avant le grandiose "Document"). Pour tout dire...j'ai tendance à le zapper lorsque je m'enquille les albums du groupe...et pourtant qu'est-ce que ce disque est bien foutu punaise! En fait, plus je l'écoute...plus je l'aime!
Enregistré dans des conditions déplorables et tristounettes (niveau ambiance, météo, et nourriture...) le disque semble marqué par cette aura grisâtre, et ce, dès le morceau d'ouverture...car là où "Radio free europe" et "Harborcoat" frappaient d'entrée avec leurs rythmes endiablés encore influencés par le post-punk, "Feeling gravitys pull" nous plonge davantage dans une cold wave mélancolique qui aurait sans doute trouvé sa place sur les premiers cure... Le titre s'étire dans une torpeur lente et mélancolique (le riff de guitare est assez torturé), et s'achève sur des sons de violons venant soulever la beauté de l'ensemble. Un titre intéressant à défaut d'être complètement marquant on va dire...ce qui concerne pas mal de chansons du disque a priori.
"Maps and legends" fait parti, en revanche, de ces rares morceaux qui auraient pu prétendre au statut de "tube" ou de single promotionnel...sa mélodie aérienne et nimbée par on ne sait quelle ambiance médiévale est absolument délectable, un classique de R.E.M! Le groupe enchaîne alors aussi sec sur l'autre chanson la plus connue de l'album..."Driver 8" dont le riff de guitare admirable et la mélodie tristounette ont quelque chose de très attachant...les refrains semblent évoquer par leurs tonalités des contrées sombres et pluvieuses...d'ailleurs l'album semble bien se prêter aux écoutes lorsqu'il pleut! L'autre single du disque sera "Can't get there from here" un morceau étonnant venant de R.E.M puisque son orchestration à la guitare est typiquement funk : le groupe s'essaie donc au funk rock, on se surprend même à relever des éléments jazzys vers la fin du morceau (les cuivres arrivent à grand renfort)!
Au menu des réussites majeures du disque (qui ne sont pas des singles mais qui font énormément de bien par où ils passent) on retiendra également : "Life and how to live it" dont le caractère dynamique n'a d'égal que sa mélodie chaleureuse, il en va de même pour les très plaisants "Green grow the rushes" (du très bon R.E.M), ainsi que "Wendell gee" qui conclut l'album sur une touche légèrement country.
Je suis en revanche beaucoup moins fan des morceaux allant de "Kohoutek" à "Good advices" (3 en tout) : peu marquants, un peu moins inspirés que le reste on va dire...il s'agit sans doute du réel moment de flottement de l'album qui, jusque là, apparaissait comme l'oeuvre du groupe la plus riche et la plus intéressante sur un plan strictement musical. "Fables of the reconstruction" est donc un bel album de R.E.M. (je le préfère en tout cas à son successeur "Life rich peagant"). Peut-être pas un "classique" non plus, faut pas pousser...encore que...