Faith in Strangers
7.5
Faith in Strangers

Album de Andy Stott (2014)

Faith In Strangers, ou comment réveiller votre imagination

Andy Stott, grand adepte du dark ambient, ajoute toujours quelque chose de nouveau dans chacun de ses albums. Ici la nouveauté se trouve dans l'aspect agressif des morceaux, un aspect presque plus marqué que le côté mystérieux dont on a l'habitude avec monsieur Stott.


Ne lisez surtout pas cette critique (qui est plus une interprétation personnelle) si vous n'avez pas écouté cet album. Je vais décrire ce que je vois, ce que j'imagine en écoutant Faith In Strangers et je ne veux surtout pas fausser votre interprétation en vous influençant avec la mienne.


Cet album est violent, gore et apocalyptique. On semble commencer par la scène de fin avec Time Away, ces longues sonorités ambient dénuées de tout autre musicalité superflue semblent montrer un champ de bataille, ou plutôt un champ de cadavres. Une bataille sanglante s'est déroulée il y a à peine quelques heures, des milliers d'hommes se sont battus pour leur propre bêtise, mais la sérénité du morceau marque la fin de toute violence, l'homme est délivré du fardeau de la vie et peut s'endormir pour l'éternité.


Violence serait alors le début du flashback constituant tout l'album, comment en est-on arrivé à un tel massacre ? Les guerriers s'arment, s'entraînent et marchent d'un pas déterminé, les vocals féminins apportent progressivement de lourdes percussions et un son saturé, métaphore de l'adrénaline agressive des soldats.


On Oath... "Sous serment", serait-ce le dernier adieu des hommes à leur famille, leurs enfants, leur femme ? Ils promettent de revenir mais les proches n'y croient pas et les poursuivent alors que l'armée continue son chemin. La voix féminine semble désespérée et chantonne comme pour une fragile prière...


Les jours passent et le rythme rapide de Science And Industry symbolise la longue marche de plusieurs jours des hommes vers le champ de bataille. Le parcours est alors mis en avance rapide. Finalement, le silence, cassé par les vocals à la fin du morceau, est là comme pour annoncer l'arrivée à destination, une longue plaine, quelques arbres et rochers, et en face... L'armée ennemie, aussi féroce que prête à mourir pour leur peuple. Il ne va pas falloir capituler...


No Surrender est peut-être le morceau principal, la fameuse bataille. Le début épique du morceau symbolise les cris des chefs de guerre pour motiver leurs troupes, il y aura des morts, du sang et des larmes mais il ne faudra rien lâcher. Le discours s'arrête, et les troupes s'élancent.
De graves percussions viennent frapper à nos oreilles, chaque courte sonorité saturée est un coup de lance dans le coeur d'un soldat, une lame d'épée s'enfonçant de le crâne d'un ennemi, une flèche plantée dans le cou d'un guerrier... Le tout est rythmé par des claquements, des instruments primitifs des tambours de guerre. Le spectacle est insoutenable. Finalement le morceau vient s'éteindre, il y a très peu de survivants en état de quitter le champ de bataille...


Un seul parvient à courir pour aller demander de l'aide. Les vocals haletant de How It Was sont signe de fatigue extrême, le guerrier puise dans ses dernières forces pour aller chercher des médecins, il racontera tout aux familles qui attendent dans l'inquiétude.


Pendant ce temps sur le champ de bataille, parmi ceux qui sont encore capable de se tenir debout se trouvent les deux chefs de guerre, Damage met en scène un combat épique grâce à ce rythme emprunté à la trap et cette ambiance violente... Mais finalement, est-ce que le vainqueur a une place importante dans cette histoire ? Apparemment non, le morceau se termine en un simple fondu, il n'y a pas de réelle conclusion, pas de finalité conventionnelle. Peut-être sont-ils morts tous deux... Qu'importe, l'important dans cet album n'est pas tant la glorification d'un personnage mais l'aspect massif et répétitif du son prend les guerriers comme deux blocs compacts, il n'y a pas de place pour l'humain dans ce récit auditif, la seule entité qui règne est la violence.


Ainsi c'est une fin un peu ambiguë, le morceau éponyme Faith In Strangers revient sur une note plus douce, comme un générique de fin apaisant après un un film très dur. Mais contre toute attente, l'album ne se termine pas tout à fait...


Missing fait résonner des cordes mystérieusement intrigantes sans pour autant devenir inquiétantes, serait-ce une ouverture ? Que va faire le village lorsque les habitants auront appris que cette bataille a été un véritable carnage ?


Libre court à votre imagination, je me suis laissé porté par Faith In Strangers qui est, pour moi, un des meilleurs albums que j'ai écouté, tous genres confondus. Les sensations sont tout simplement inouïes et s'il y a bien une expérience musicale à vivre seul, lors d'un jour de pluie déprimant, c'est bien celle-là.


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evptibo
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le 17 févr. 2015

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evptibo

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