Fear Inoculum
7.2
Fear Inoculum

Album de Tool (2019)

STOP THE WAR / Musique et contexte explosifs (6) : Miroslav

Chers amis de Sens critique ceci est une nouvelle déclinée en épisodes et imprégnée du contexte de la guerre en Ukraine qui pourrait si j'en avais le temps dériver en roman. A chaque séance d'écriture je baigne dans l'écoute du disque (ou du groupe) excellent que j'utilise pour trouver mes mots. Uniquement des musiques explosives. Si vous en avez le temps je serai enchanté de recevoir vos critiques ou plutôt, devrais-je dire vos ressentis, vos avis. Vos conseils seront aussi les bienvenus.
Bien à vous et merci !
Episode 1 ici : https://www.senscritique.com/album/parrhesia/critique/266840369
Episode 2 ici : https://www.senscritique.com/album/weightless/critique/266878880
Episode 3 ici : https://www.senscritique.com/album/the_madness_of_many/critique/266822733 Episode 4 ici : https://www.senscritique.com/album/the_joy_of_motion/critique/220021677
Episode 5 ici : https://www.senscritique.com/album/omelette_du_fromage/critique/267274444
Episode 6 :
Coupez ! Elle est bonne ? Non ? Qu’en pensez-vous cher.ère ami.e ? Oui vous ! Vous ne lisez pas juste comme ça pour rien ? Vous souhaitez vous divertir et espérons-le, vous enrichir, apprendre des choses, peut être même, pouvez-vous changer ? Mais ça c’est beaucoup moins sur. Enfin c’est un autre sujet. Mais entre nous s’il faut en passer par la littérature pour évoluer nous risquons fort de rester bloqués au point mort tant tout ce qui nous entoure concours à nous tirer vers le bas. Donc il faut faire preuve d’un peu de bonne volonté, transpirer un peu, prendre sur soi et là il y a beaucoup moins de monde, sur les 10 milliards que nous sommes presque, sérieusement on peut penser que ça va coincer, ça coince déjà. Les rouages forcent et peinent à entraîner la machine qui vibre et tend à la dislocation. Enfin je suis rassuré, vous êtes là à lire ces lignes qui tentent de raconter une histoire dans l’Histoire. Pavel dégomme Volodymir, quoi de plus normal sur une planète où il faut bousculer pour faire sa place. Pas évident avec toutes ces merdes qui traînent sur le trottoir de la vie...n’oublions pas non plus de belles flaques de pisses. Et bien là, notre brillant professeur d’Histoire vient de glisser et de s’étaler dans une de ces flaques. Il n’y a pas vraiment de règles, pas de justice non plus, de l’égalité ? Vous blaguez, cher.ère ami.e ? Pour certains le malheur frappe tous les jours alors que la vie pour d’autres, les petits veinards salopards est merveilleuse. Evidemment qu’ils sont cruels - parfois sans même le savoir, enfin ils se voilent un peu la face, « J’ai rien vu, j’ai rien dit, j’ai rien entendu » - pour ceux sur qui il doivent marcher mais peu importe ! Enfin, tôt ou tard, la faucheuse attrape tout le monde sans distinction…pour le moment…c’est la seule égalité dont nous disposons sur cette Terre. Mais oui que vous le vouliez ou non, « putain de riche ou pauvre pauvre » un matin blafard ou ensoleillé c’est comme vous voulez cher.ère ami.e le vent soufflera dans les caboches stupides qui étaient vides avant au second degré mais qui le seront au premier, sans rencontrer la moindre résistance, puis il balayera les molécules désagrégées en cette espèce de poussière volatile que l’on appelle des cendres.
Pavel hébété regardait le corps de l’homme qui aurait pu être son ami. Le corps d’une personne éduqué, formé à l’empathie car c’est le milieu environnant qui fait les êtres que nous sommes. Certainement il est possible de trouver des raisons à la bêtise et à la violence conjuguées de son acte. En tout cas comme des millions d’autres de par le monde il est bien le digne représentant des personnages sans qui les guerres n’existeraient pas. Dans tous les pays les dictateurs s’appuient toujours sur la veulerie, la jalousie, la bassesse et la violence qui règnent dans le cœur de leurs séides zélés. Ils les instrumentalisent sans peine à grandes louches de gratifications diverses et de propagande faisandée. Pavel se leva, les rides sur son front s’étaient adoucies. Lentement il brossa de ses mains rêches et calleuses ses vêtements déchirés et salis par son travail de mineur. Il se détourna regarda le paysage morne et informe de la ville écrasée par les bombes. Ce n’est pas grave, tu as fait le bon choix, maintenant, il faut partir, marcher. Ce n’est pas fini, il te faut de l’eau, trouver à manger. Peut être un magasin non pillé dans le coin ? Marche Pavel, marche, ce n’est rien, tu as fait le bon choix. Chancelant il avançait à travers les décombres et dirigeait ses pas vers les restes de bâtiments à moitié écrasés. Ossements d’une ville démolie, presque rasée. Des corps calcinés apparaissaient ça et là. Les bombes au phospore blanc, encore une merveilleuse invention du cerveau humain, sont dévastatrices. Les particules incandescentes de phosphore blanc - « ironiquement » appelé Willy Pete (White Phosphorus) par les soldats britanniques lors de la seconde guerre mondiale ou US au Viêt-Nam – pénètrent en profondeur dans la peau, pour fondre l’épiderme, la chair et les os. Ces brûlures chimiques peuvent continuer à brûler dans le corps, même en l’absence d’oxygène extérieur. Là, non seulement les blessures sont impossibles à soigner mais en plus les plaies s’élargissent irrémédiablement en quelques heures puis comme exhalée de la bouche d’un démon une fumée blanche s’en échappe. Ce qu’il y a d’encore plus sournois, c’est que les particules de phosphore blanc se fixent sur les habits en gardant leur pouvoir incandescent. Ainsi quant une victime est touchée, il est courant que ses proches se trouvent à leur tour brûlés en tentant de lui venir en aide juste en saisissant en touchant ses vêtements. Le spectacle de la guerre que Pavel l’ancien militaire, ex commandant de pelotons d’exécution connaissait bien déroulait sa bobine malsaine. Il marchait malgré l’horreur pour sauver sa peau, sans aucun remords. La faim le tenaillait et il devait faire des pauses régulières pour s’économiser. Là-bas, à environ un kilomètre il distinguait ce quartier incomplètement détruit avec ses immeubles encore debout et qui avaient l'air d'avoir échappé aux explosions sur lequel il fondait ses derniers espoirs. Tout autour de lui ce n'était que ce n'était que désolation...l'épicentre...lieu des ravages les plus profonds.
Au quatrième dans la salle à manger d'un T3 à moins que ce ne soit un Loft de 200m2, on ne sait plus trop bien en fait, couché dans les gravats, un homme attend, veille. Il est quasiment invisible sous sa bâche couverte de débris de plâtre qu’il a méticuleusement, consciencieusement recouverte. Immobile, aux aguets, l’œil rivé à sa lunette grossissante, il épie. Miroslav est un vétéran, un amoureux du baroud, de la guerre et des armes. Son désir le plus cher : chasser et son héros de toujours, l’homme qu’il vénère plus que tout bien qu’un ancien ennemi de sa nation : Simo Häyhä. Cet homme était surnommé « La mort blanche » par l’armée rouge qui déploiera sans succès des moyens importants pour l’abattre. Ce héros finlandais qui pourrait être qualifié d’assassin sordide par beaucoup tuera plus de 500 fois, accomplissant ainsi avec zèle et affectation son travail de défenseur de la patrie, de tueur de soldats russes pendant la guerre d’hiver de 1939-1940. Simo était le roi de la dissimulation dans la neige, il n’utilisait pas de lunette de tir pour diminuer la surface de sa silhouette et éviter tout problème de réflexion du Soleil pouvant révéler sa position. Lorsqu’on tire de la neige est soufflée alors Häyhä la compactait devant lui afin de ne pas, une fois encore, révéler sa position. Il gardait aussi de la neige dans sa bouche pour que la vapeur de sa respiration ne le trahisse pas. Il était capable de rester des heures sans bouger, légèrement enseveli sous la poudreuse, à des températures comprises entre −20 °C et −40 °C, et revêtu d'une tenue de camouflage entièrement blanche. Des armes fantastiques conçues par des cerveaux brillants et des hommes si disciplinés, la guerre était bien servie ! Miroslav utilisait une SVD ou fusil de précision Dragounov, une arme redoutable qu’il adorait comme si elle eut été de sa famille. Il était si fier quand il disait à quelques amis, autour d’une bière, qu’elle apparaissait dans la série des « Rambo ». Certains sont amoureux de leur voiture, d’autres d’une moto, d’autres encore de leur maison ou de leur meubles. Les objets nous possèdent ! Miroslav, lui, aimait les armes et tout particulièrement cette « Snaïperskaïa ». Il aperçut la forme qui se dirigeait vers l’immeuble où il avait élu domicile ; se ménageant une option de fuite par un escalier de secours sur lequel il avait déroulé une corde de rappel pour dévaler les quatre étages en moins de dix secondes ; quand elle fut à environ un kilomètre. Il ne savait pas trop…ami ? ennemi ? Le frisson de la chasse était là, l’adrénaline aussi et son carnet attendait l’inscription d’une énième croix, encore loin de Simo mais si la guerre se poursuivait si son permis de tuer perdurait, qui sait ? Il laissa l’homme avancer puis quand il fut à 800 m l’ajusta. Il avait remarqué que sa cible faisait des pauses. A 700 m quand Pavel s’arrêta et s’assit pour se reposer Miroslav se détendit, il contrôla sa respiration puis en fin d’une inspiration douce, il bloqua l’air dans ses poumons et pressa sur la détente. En un peu moins d’une seconde la balle atteignit sa cible touchant en plein milieu du visage. Alors sur l’impact le temps s’arrêta, Pavel vit défiler sa misérable vie et la dernière pensée qu’il eut fut : Le bon côté du fusil, toujours être du bon côté du fusil.


Episode 7 ici :
https://www.senscritique.com/album/closet_disco_queen/critique/248220173

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le 28 mars 2022

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SombreLune

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