Un quintet texan sorti de nulle part, un premier album inoubliable qui aura vu passer huit ans de silence pour enfin voir naître un petit frère, Dust, forcément moins bon ; I Love You But I’ve Chosen Darkness (ILYBICD) appartient à cette caste de groupes qui ont frappé trop fort dès leur premier album.
Si à l’époque le nom du groupe pouvait laisser craindre le pire, la première écoute avait mis une claque monumentale à quiconque s’était laissé tenter.
Des guitares cristallines à la basse ronronnante, en passant par la voix caverneuse et la batterie froide et martiale, pas de doute, c’est à une plongée inoubliable dans une cold wave d’excellente facture que le groupe nous avait conviés.
Il faut dire que l’on était en plein revival, à peine cinq ans après le formidable Turn on the bright lights d’Interpol. Si cet album pouvait sembler moins énergique que celui des new yorkais, il savait en revanche diffuser une ambiance éthérée et donner une teinte particulière aux nuits.
A ce jour, l’album n’a pas pris une ride et, en dépit de l’oubli abyssal dans lequel il s’est laissé glisser, il mérite toujours toute votre attention.
Si quelques morceaux peuvent sembler légèrement en deçà de prime abord, c’est pour mieux laisser s’élever et briller au firmament les assez nombreuses pièces d’envergure de ce premier opus (The ghost, According to plan, If it was me...).
Et que dire du morceau de bravoure We choose faces, tout en contrôle, assorti de sa royale intro, Today, qui assomment littéralement et s’impriment à jamais. J’envie véritablement ceux qui vont découvrir ce grand huit, une véritable démonstration de force et de composition. Je me souviens les avoir écoutés en boucle, peut-être cinquante fois de suite, juste le jour de leur découverte…
Depuis, je me suis procuré le vinyle et j’ai redécouvert ces morceaux que je croyais connaître, qui prennent une ampleur folle grâce à ce format et diffusent une quantité de détails juste impossible à percevoir en numérique.
Après des centaines d’écoutes, rien n’a changé ; ILYBICD n’en finit plus de hanter mes souvenirs et j’en créé de nouveaux avec lui. Associé à des pans de vie, Fear is on our side ne m’a jamais quitté et revient à moi dès que je crois l’avoir oublié.
Je l’aime follement, tout comme j’aime ce groupe qui se plaît à surgir des ombres pour briller et disparaître pour de longues périodes (plus aucune nouvelle depuis 2014…), me faisant craindre de ne jamais le retrouver.
Comme tout trésor ou secret, j’ai autant de crainte que d’envie de le partager. Si cette modeste critique peut l’aider à se faire un chemin et trouver un ou deux cœurs à convertir, alors je n’aurai pas de regret.