Fizheuer Zieheuer (EP) par Nicolas Laurent
Tout le premier quart d'heure est dominé par un rythme et un motif qui le rendent exceptionnel. Ce motif répété à l'infini m'évoque une armée de soldats qui marchent au pas au son du clairon. L'apparition des instruments à vent me fait même penser à des opéras dont l'action se déroule en Espagne (Carmen, Le barbier de Séville). On est vraiment transporté ailleurs, dans un autre temps. (Après recherches, il s'agit en fait d'une musique du folklore gitan intitulée "Pobjednicki Cocek" et jouée par le groupe serbe Blehorkestar Bakija Bakic.)
Le motif s'étire en longueur, continue tout au long de ces trente-sept minutes de bonheur presque hypnotique sans qu'on ne se lasse jamais. Il est plus ou moins distinct selon les moments et Ricardo Villalobos parvient à maintenir l'attention grâce à de légères variations, presque inaudibles, mais qui maintiennent l'auditeur loin de l'ennui.
J'imagine qu'une chorégraphie de Maurice Béjart aurait très bien pu accompagner visuellement "Fizheuer Zieheuer" qui me fait penser au "Boléro" de Maurice Ravel, par moments.
Cet Extended Play est composé de plusieurs morceaux mais je serais bien incapable de distinguer le passage de l'un à l'autre. "Fizheuer Zieheuer" est un tout d'une cohérence déconcertante. Bravo !