Après l’immense «Back in Black », AC/DC avait entamé avec « For Those About to Rock » une descente lente mais assez nette, poursuivie en 83 avec « Flick of the Switch ». Ce « Fly on the Wall » de 85 ne redort pas leur blason, au contraire. La bande à Angus Young a eu bien du mal à passer les années 80, comme de nombreux artistes et groupes des années 60 et 70 : les Stones ont même fini par se séparer, Neil Young comme Dylan ont sorti des albums franchement peu recommandables dans ces années… En écoutant ces albums (jusqu’à « The Razors Edge » qui les a vus revenir au 1er plan), on a du mal à reconnaître ce groupe génial qui balançait dans les seventies riff sur riff, des soli de guitare entrés dans la légende, doublés de la gouaille inimitable de Bon Scott sur des morceaux couplets-refrains écrits au cordeau. Un groupe qui comme sur le précédent décide de travailler sans producteur (ça explique une partie de l’échec mais une partie seulement), voulant revenir au son plus brut des années 70. Idée louable mais ici, la batterie est mise en avant de façon disproportionnée (Simon Wright remplaçant Phil Rudd) et ça n’en fait pas un album puissant pour autant.
Et malheureusement, le groupe n’apporte rien de nouveau ici, ils sont en roues libres et se répètent inlassablement. Les morceaux sont bien passe-partout, très prévisibles voire carrément fades : riff, couplet, refrain en chœur et ça recommence depuis le début ! Allez, j’ose le dire, et c’est un grand fan et collectionneur d’AC/DC qui le dit : sur ces albums des années 80, le groupe me fait penser à un tribute band, tellement loin de sa légende. Alors oui, ça s’écoute, mais on parle du groupe qui a sorti pas si longtemps que ça avant « Let there be rock », « Highway to Hell » et le live incendiaire « If you want blood », un des géants du rock des 50 dernières années et c’est ce qui est dur à avaler. Attention, pas question de jeter la pierre à Brian Johnson, chanteur très sympa, à la voix bluesy (ici souvent noyée dans l’écho, pourquoi ???). Il assure comme il peut et je ne suis pas comme certains fans qui rejettent en bloc la période Brian Johnson mais ses paroles sont le plus souvent très, très simples (je reste poli), loin de la poésie brute et souvent ironique de Bon Scott. Allez, quitte à sauver un ou deux morceaux, ce serait « Shake your fondations » et puis, tiens « Playing with girls », énergique et presque malsain, un vrai bonheur, mais franchement, c’est un album pour moi à oublier, sans doute un des moins bons de toute leur carrière et les écoutes répétées depuis le lycée n’y changent rien. « Blow up your video » en 88 ne sera guère plus convaincant. Rien de grave, juste une mauvaise passe dont ils se sont remis en 89. Après tout, qui aime bien…