C'est attristant de voir ses idoles de jeunesse enchainer les gaffes avec les années. Arctic Monkeys, Franz Ferdinand, Bloc Party, Interpol, tant de groupe ayant soulevé plein d'espoir, pour au final ternir leur héritage musical en multipliant les sorties médiocres. Kasabian fait partie d'eux. En effet, ce groupe originaire de Leicester a joué un grand rôle dans mon éducation musicale vers la fin des années 2000. Je ne jurais que par L.S.F. et Club Foot, de véritables hymnes. L'album éponyme de 2004 tournait en boucle dans la voiture de mon père. Le bon temps. Et bien que les efforts de Tom Meighan et Sergio Pizzorno ont plutôt mal vieilli, c'est toujours avec un élan sympathique que j'écoute de temps à autres leurs anciens albums. Que reste il d'eux aujourd'hui? Pas grand chose. For Crying Out Loud est un beau fiasco, à la manière de 48:13, avec l'ambition et les idées en moins.
Commençons par cette pochette : on ne va pas se mentir, Kasabian essaye maladroitement de happer un public pré-pubère. En soi c'est pas un problème, mais ça en dit long sur la philosophie actuelle du groupe. Du côté de la musique, les morceaux emblématiques qui faisaient rage dans les stades de foot anglais ont laissé leur place à du rock de bas étage, 'mièvre', menant plus encore Kasabian au fond d'un trou musical insipide où gisent les groupes de rock à sensation/à minettes tels Cage The Elephant, The 1975 et autres Arctic Monkeys. Bon, je suis dur quand même. Car on ne pourra leur reprocher d'avoir écrit quelques bons morceaux pop sur cet album. Je pense particulièrement à Bless This Acid House qui rappelle le meilleur de la scène alternative anglaise, ou encore mélodieux Wasted. Ces deux morceaux sauvent la mise de For Crying Out Loud, un album sur lequel je prendrais pourtant plus de temps à nommer les morceaux qui m'ont déplu qu'à décrire ceux qui m'ont plu.
Et voilà, deux paragraphes et cette critique touche déjà à sa fin. Je me rends compte que j'ai plus parlé de Kasabian en général et des scènes d'alternative rock anglaise et américaine que du contenu de l'album en lui-même. Mais c'est difficile d'écouter et de parler de For Crying Out Loud sans avoir la rage, cette rage de voir les héros de ma jeunesse tomber les uns après les autres. Et je ne critique même pas la commercialité de la chose. Il fut un temps où le rock mainstream était vraiment bon. Kasabian était l'exemple pur d'un groupe qui maniait le rock 'de stade' avec un certain niveau qualitatif. Et aujourd'hui, je pleure en écoutant For Crying Out Loud.