Moi qui me suis toujours enorgueilli de ne pas avoir succombé aux sirènes bas du front d'Oasis (si ce n'est quand même l'espace d'un "Morning Glory" émérite), je dois reconnaître que les lads de Kasabian m'ont séduit sur la durée, et m'ont régulièrement donné envie de me joindre aux hordes de hooligans éméchés qui braillent à leurs concerts outre-Manche. Bien sûr, j'ai toujours eu l'excuse de mon amour pour les Kinks ou les Beatles, qui m'a permis de donner le change en prétendant retrouver chez Kasabian un peu de ce génie mélodique et psychédélique. Cette fois-ci, il faut bien reconnaître que je ne peux plus prétendre à quoi que ce soit d'intellectuel, tant ce "For Crying Out Loud (2017)" dynamite les limites du bon goût : cet album, unanimement rejeté par toute l'intelligentsia de la rock critic mondiale, est un album terriblement putassier, outrageusement vulgaire, frôlant la niaiserie, mais... incroyablement fédérateur et jouissif. La moitié des chansons ici bénéficie de mélodies qui tuent (certaines sont parmi les meilleures jamais offertes par Kasabian), et l'autre moitié tient, à de rares exceptions près, parfaitement la route grâce à l'énergie positive qui anime le groupe. Ici, on ne fait pas semblant, on joue de l'électro à fond les gamelles pour s'éclater sur le dance floor avec les potes, une bière à la main, ou bien du glam-rock qui ferait passer Gary Glitter et Slade pour de dangereux théoriciens d'avant garde. Et ma foi, en cette triste période de morosité et de flottement généralisé, qu'est-ce que ça fait du bien ! Alors, rayez-moi de la liste des gens fréquentables si cela vous fait vous sentir mieux, mais, bon sang de bonsoir, laissez-moi roter dans ma bière tiède et sauter en l'air jusqu'au bout de la nuit ! [Critique écrite en 2017]