For Your Pleasure par Alligator
-"Do the strand": démarrage sur les chapeaux de roues (quelle jolie expression qu'on n'utilise plus trop, c'est dommage, merde, je suis en train de me perdre dans une digression, comment faire pour... stop!!!) avec un morceau ultra péchu. Le style Roxy Music est déjà bien présent : un rock bien charpenté, avec piano, guitare, saxo hurleur, grosse batterie et la voix, hummm, électrique de Brian Ferry. Vous ne pouvez empêcher votre pied de battre la mesure.
-"Beauty queen": le titre se bien porteur, cette chanson est d'une beauté reine exquise, bien balancée, la croupe accorte, la voix de Ferry joue quelques trémolos, moite, descend, module avec une majesté sans pareille. J'adore ce mec. A vous titiller l'homosexualité latente.
-"Strictly confidential": intro saxo, la voix de Ferry roucoule, montagne russe, sur des rails vibrants. Comme souvent dans les chansons de Roxy Music, je m'en rends compte maintenant, c'est qu'elles poussent, elles grimpent, grandissent. D'abord toutes menues, comme craintives, elles sont tapies, se lèvent et doucement mais sûrement prennent leurs aises, de murmures délicats, elles se développent peu à peu et finissent par devenir aussi vastes que l'écho dans une caverne ou une église, des chants qui se répercutent et trouvent toujours le chemin vers les cieux. Oh que c'est bon! Non, pas ce que je viens d'écrire -on est au bord de la plus plate mièvrerie- mais cette chanson... nom d'une pipe de chameau vermoulu, que c'est bon!
-"Editions of you": ultra péchu. Rock puissant, que c'est cool quand ça bouge comme ça.
Définitivement je préfère le pétaradant qui mord au slow gentil mignon tout plein. J'aime le rock qui fait la part belle au physique (pourtant je ne suis point gars à remuer le popotin, allez savoir pourquoi), quand les battements donnent envie de vivre. Voilà, c'est le cas ici. Ça fait du bien. On se dit que la vie est belle et vaut la peine d'être vécue aussi pour la musique. Quelle belle invention que l'être humain quand il fait des trucs comme ça, ça réconcilie la vieille enflure de misanthrope que je suis avec l'humanité.
-"In every dream home a heartache": contraste saisissant. Le morceau permet à tout le monde de reprendre son souffle. Recomposition. Là encore, la chanson prend une côte. On commence avec la voix de Ferry qui semble prendre son élan, pour ensuite grimper en courant comme un dératé vers les sommets, accompagnée de batteries et guitares déchaînées. Superbe, évidemment!
-"The bogus man": musicalement très différent, mais toujours très bon. Encore de la recherche, de l'imagination. Roxy Music fait preuve d'une créativité qui me renverse, me retourne et me prend à sec contre le capot d'une voiture. Hébété. (Nom d'un petit bonhomme, voilà un groupe qui va me chercher bien trop loin)
-"Grey lagoons": encore un morceau qui met magnifiquement en scène la voix de Ferry. Sinon, la mélodie me parait un peu moins originale. Pourtant c'est vraiment très bon.
-"For your pleasure": rien n'y fait, les maintes écoutes ne changent pas mon ressenti, l'espèce de malaise que produit cette musique. Je ne sais pas comment expliquer cela, on dirait que la bande d'une cassette passe toute tordue, fripée dans le magnétophone, cela fait un son ondulé qui m'est désagréable. J'ai envie de courir vers le magnéto et sortir la cassette pour déplier la bande. C'est irrépressible. C'est fait exprès, je sais bien, je ne suis pas aussi con que j'en ai l'air, non non, et puis Brian Ferry imite ou singe ce tempo (pas sûr que ce soit le terme le plus adéquat). C'est dommage parce que j'aurais adoré cette mélodie sans ce parti pris expérimental. Mais je n'y peux rien, ça m'agace l'oreille.
A part ce final désagréable, je trouve cet album grandissimement excellent. Roxy Music rules comme c'est pas permis!