For Your Pleasure
7.4
For Your Pleasure

Album de Roxy Music (1973)

Ayant souvent entendu parler de Roxy Music en des termes élogieux, j’avais entrepris de le découvrir en écoutant leur dernier album, le très FM Avalon. Mal m’en avait pris, car le peu d’enthousiasme que souleva cette œuvre en moi me tint éloigné du reste de la discographie du groupe pendant quelques années. Je décidai néanmoins passé ce délai de tenter d’écouter un autre de leurs album, et fut frappé par la beauté de Country Life, pure merveille insoupçonnée. À partir de là, je m’attelai à découvrir le reste de la discographie du groupe ; hélas, si j’appréciais son travail grâce à de bons albums – tout en réhabilitant Avalon au passage –, je ne retrouvais que rarement l’éclat de leur quatrième opus. Me restaient leurs trois premiers, ce qui incluait donc la période Brian Eno, que je connais avant tout pour ses talents de producteur et de musicien de studio.


Je choisis donc For Your Pleasure, et l’introduction suffit à me convaincre que cet album va me permettre de renouer avec les sommets tant recherchés : « Do The Strand » est un démarrage sur les chapeaux de roues à la façon de « Vicious » sur Transformer de Lou Reed, « Black Dog » sur le quatrième album de Led Zeppelin ou « Rocks Off » sur Exile On Main St. des Rolling Stones, tant d’œuvres qui m’ont durablement marqué et dont on retrouve trop rarement la puissance. La suite est pure extase, voyage mélodique peuplé d’hallucinations sonores. On y trouve de grands hymnes rock (« Editions Of You », « Do The Strand »), des ballades glam (« Beauty Queen », « Grey Lagoons ») mais surtout de longues plages envoûtantes où la voix de crooner de Bryan Ferry se fond dans un mur sonore en grande partie expérimental. Exemples emblématiques : « Strictly Confidential » et son chant tout en retenue mais appelant à une explosion finale grâce à un crescendo, explosion qui ne viendra finalement jamais, mais surtout les longs couloirs que sont « In Every Dream Home A Heartache » (qui là verra bien une explosion orgasmique), « The Bogus Man » (une apothéose en termes de bizarreries sonores) et le morceau éponyme, s’achevant par un concert d’échos dissonants. Audacieux et excitant tout du long, For Your Pleasure est totalement abouti et prouve encore le génie dont peut être capable Roxy Music.

Skipper-Mike
10
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le 16 sept. 2017

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Skipper Mike

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