Future grande!

Née à Bradford et élevée à Leeds, Nia Archives est entrée dans la scène musicale quand elle a déménagé à Manchester à 16 ans. Son héritage jamaïcain est immédiatement reconnaissable quand vous écoutez sa musique. Reprenant les codes de la Jungle, du Soundsystem et ses dérivés, elle y intègre des motifs de R'n'B, Jazz et Pop et une voix qui a une place prépondérante.

Fan (entre autres) de Burial et Roni Size, Nia Archives, comme Pink Pantheress, a surtout remis au goût du jour un genre qui a connu ses lettres de noblesse dans les années 90 et ainsi permet à toute une génération de découvrir la richesse d’un style qui a une histoire aussi importante que le Hip-Hop aux U.S.A.

Aujourd’hui basée à East London depuis 3 ans, Nia vient de sortir son 2ème EP “Forbidden Feelingz”, après avoir remporté, un peu plus tôt, le “Best Producer NME Award 2022” devant Fred Again!

Sur le titre d'ouverture “Ode 2 Maya Angelou”, Nia échange des répliques avec un enregistrement du poème Still I Rise de Maya Angelou (1928 -2014, Poète, conteuse et activiste américaine). Des nappes cristallines remplies de chants d'oiseaux, de synthés brillants et un rythme qui roule, apporte à la voix d' Angelou une sagesse, une sorte d'entité de déesse divine.

La suite montre à quel point Nia a grandi par rapport à son premier EP mais surtout on s'extasie de voir à quel point la Jungle/Drum'n'bass peut être si diversifiée.

"18 and over" confronte un riff de reggae downbeat avec le morceau vocal souvent samplé de Neneh Cherry “Gimme a motherfucking breakbeat”. Les breakbeats et les Drum Loops soulignent le style ensoleillé et décontracté de la chanteuse, c’est imparable.

À la fois puriste et provocatrice, Nia trouve un mode de jungle qui lui est propre. "Part Of Me", avec sa basse lourde, est étonnant et le mélange de sa voix douce et émouvante avec le beat est superbement dosé.

La chanson titre est un banger jouissif avec ses basses féroces, le rythme qui claque comme des coups de fouet et sa voix modifiée type hélium.

Nia chante, vraiment et c’est un point essentiel sur des pistes comme "Luv Like" ou "Gud Gudbyez", dans lesquelles des sujets comme la santé mentale ou la dysmorphie corporelle sont abordés sur une jungle mélodique.

Bref, Forbidden Feelingz a cette magie de pouvoir s’écouter un dimanche après-midi au soleil ou un samedi soir sur un dancefloor et c' est un gros coup de cœur pour moi qui ai vécu l'âge d’or du genre.

Nia Archives permet à sa féminité d'imprégner le son avec un effet magnifique. Elle réussit une juxtaposition séduisante de styles et de tonalités qui fonctionne incroyablement bien.

C’est rapide, excitant, frénétique, chaleureux et suffisamment moderne pour plaire à un public un peu plus large que la Jungle a toujours eu du mal à réunir, surtout en France.

On a pas fini d’entendre parler d’elle, croyez moi.