3 - 0

"La folie, c'est faire la même chose encore et encore en espérant des résultats différents". Cette phrase d'Albert Einstein pourrait très bien résumer la philosophie et la musique du groupe irlandais Girl Band. Non pas que les quatre compères soient du genre à se limiter dans leurs compositions, loin de là, mais plutôt à créer de la confusion et de l'insanité dans la tête de quiconque viendrait y prêter l'oreille. Un public non averti n'en sortira pas indemne tout en gardant irrémédiablement en tête les rythmes venus de nulle part du quatuor, telle une tumeur.

Car la musique de Girl Band est unique en son genre et n'a que très peu de pareil. A tel point qu'il est très compliqué de définir un genre précis pour le groupe, et c'est tant mieux. Ca permet encore mieux de se plonger dans l'univers du groupe irlandais, sans préjugés et sans à-priori. Les compères sont là pour prouver qu'ils ne sont pas une formation pour midinettes comme leur nom pourrait le laisser croire, mais bien un quatuor bruyant et malgré tout accrocheur. Les guitares dégagent un son crade et semblent hurler, la batterie bat à tout rompre et le chanteur crie à se casser la voix et semble par moment réciter des incantations que réllement chanter.

France 98 contient six morceaux et peut être considéré comme leur premier EP ou album, c'est selon. Le groupe préférant mettre en ligne des morceaux un par un et le proposer sur leur bandcamp à leurs fans et les tester en live, où toute la force de leur musique prend son sens. Il est alors conseillé de les suivre sur les réseaux sociaux pour suivre leur actualité. Mais France 98 est un bon moyen de se faire une idée de l'univers des quatre garçons dans le vent. Déjà car avec un titre pareil, il serait dommage de passer côté et ne pas être chauvin, et ensuite car l'album possède des titres et expérimentations qui valent le détour. Mais surtout il possède des titres plus "calmes" que leurs compositions récentes, notamment le super "Lawman", sorti à présent qu'en single l'année passée.

Le premier titre, "You're a dog" installe d'entrée un court air de guitare saturées répété à l'infini et jusque l'implosion tandis que le chanteur lance ses paroles le plus simplement du monde. Avant que tout ne s'emballe vers la fin et que la batterie s'en donne à coeur joie. "Busy at maths" arrive direct après et est déjà plus audible, façon de parler. Composé de deux phases, l'une tranquille et plus stone rock et l'autre plus lourde, le chanteur est accompagné dans son chant par les guitares et la batterie toujours aux aguets. Le titre qui suit, "That snake Conor Cusak", est dans un premier temps dans la continuité du précédent, avec sa ligne de basse posée, avant que la guitare ne prenne le dessus et ne parte en distorsion. Le titre éponyme est dans la pure tradition punk avec sa durée de même pas 2mn et ses paroles répétées en boucle et de plus en plus fort, accompagnées par la batterie et son rythme effréné. Signe que l'album ne suit pas forcément une ligne précise, "Second one" est sans doute le titre le plus mélodique. Surtout quand le morceau qui vient après, "Handswaps", s'amuse avec les larsens et fait crier les guitares, et lanciner la basse, dans une ambiance brumeuse et sombre.

Pas vraiment un groupe postpunk, ni de noise ou de rock alternatif, Girl Band est à découvrir d'urgence, et à ne pas laisser à sa petite soeur pour ses soirées pyjama.