Fuzz c'est d'abord un trio, on pourrait même choisir l'épique formule de "Power trio" tant il semble que l'on ait appuyé par mégarde sur le bouton retour vers les années 69 et 70 quand la galette crisse sous le poids du diamant... On pense à Cream et surtout à Jimi Hendrix le maître du "fuzz" de la distorsion et du son saturé...
La formule à trois est gagnante ici, Ty Segall aux fûts et au chant, frappe sèche et voix passée au mixeur, Roland Cosio avec une basse au gros son bien rond et surtout Charles Moothart à la guitare, qui est à la fête ici dans une formule qui s'échappe des accents et des formats "pop" pour atteindre la démesure du heavy en nous renvoyant inexorablement à Black Sabbath ou à Hawkwind. Comme un hommage aux anciens, aux maîtres du psyche, dynamiteurs des formes et du temps, héritage assumé et revendiqué, même s'il est vrai que la trajectoire de Ty Segall serpente et surprend.
Il est clair qu'ici le projet est essentiellement revivaliste, il ne faut pas attendre le frisson des musiques expérimentales ou le parfum des mélanges musicaux, soyons hédonistes et "Carpe Diem"... Hormis le chant un peu désincarné, il faut goûter la précision des baguettes, l' énergie tentaculaire de cette gratte pulsée par le vrombissement de la basse, qui gronde et qui pousse.
Un album pour le plaisir, en forme d' hommage aux géants du passé, sans vouloir renverser la table, mais plutôt en s'asseyant en bonne compagnie et s'apprêtant à déguster. On entend ici un matériel dont on sent l'impact puissant qui se révèlera de façon incandescente sur scène, comme sur le titre "one" qui clôt l'album de façon époustouflante!