G.R.
6.3
G.R.

Album de Deathpile (2003)

Mon dieu, cet album me donne envie de gerber, littéralement. Ce n'est pas une insulte, bien au contraire, je pense que c'était voulu par le groupe de nous faire ressentir cette envie répugnante . Et ça a marché (pas au sens propre mais au sens figuré), G.R est le seul album qui m'a traumatisé. Pas traumatisé au sens de la peur ou de la terreur, non, traumatisé au sens que cet album a laissé une trace en moi. Il a réussi à mettre une distance viscérale entre lui et moi, une distance de l'ordre de la répulsion pure.


Vous l'avez donc compris, cette critique est plus une prévention qu'une véritable critique argumentative. Mon but ne va pas forcément de délivrer un avis purement objectif de cette oeuvre, personnellement je pense qu'il est impossible de délivrer le moindre avis objectif concernant cet album. Mon but va être donc de donner un avis et de prévenir les futures personnes qui oseront s'aventurer dans les limbes de cette musique. Parce que je vous préviens, c'est juste dégueulasse, brillamment dégueulasse.


G.R est le pilier musical du groupe Deadphile, c'est leur plus grand album, le plus connu et le plus riche de leur discographie. Le concept est simple, il s'agit d'un album de power electronics qui va se focaliser sur la vie de Gary Ridgway, un des tueurs en série les plus prolifiques de l'histoire des Etats-Unis. Déjà avec ce contexte, on peut pas faire pire. Mais en plus, le groupe a décidé de traiter la vie de ce tueur en série d'une façon assez particulière et surprenante. En effet, on suit la vie de Ridgway de son propre point de vue ainsi que du point de vue de ses victimes (qui étaient majoritairement des prostituées) ; ce choix très original est ce qui rend l'album aussi marquant. On a vraiment l'impression d'être en face du tueur et d'assister à toutes ses folies et ses délires. On n'est pas sur un album classique qui traite un sujet controversé avec une distance, représentée par le chanteur, on est sur un album qui ne fait aucunes distinctions entre l'auditeur, le chanteur et le sujet traité.


Un autre aspect qui rend cet album aussi marquant est évidemment son style. Nous sommes dans le cadre du power electronics, donc, il est assez évident que la composition globale de l'album va tourner autour d'une esthétique profondément violente, destructrice et impitoyable.

Tout l'album travaille la même composition de percussions et de statiques extrêmement forts et bruyants où jaillit la voix totalement distordue du chanteur et des différents intervenants.


Globalement c'est ça, après certains morceaux ont leurs particularités. Le premier d'entres eux est Know Victims, le morceau le plus long de l'album et aussi le plus marquant. Toute l'esthétique du power electronics est brutalement neutralisé, afin de laisser place à une simple voix féminine, complètement détachée, désintéressée, qui va énoncer l'intégralité des victimes de Gary Ridgway. Au fur et à mesure du morceau, un paysage sonore lourd se construit. C'est un morceau primordial de l'album car il permet de recontextualiser l'oeuvre dans un cadre purement réaliste : se sont des victimes qui ont été assassinées, violées, abusées par un homme.

Et je trouve que la façon dont est présenté ce morceau est extrêmement juste et vrai.


A par ce morceau, les percussions et la dominance des voix persistent tout le long de l'album.

Encore une fois, ce choix a une explication, celle de la répétitivité, tout est fait pour nous conditionner dans cet apocalypse, dans ce chaos moral et mental.


Rien que pour avoir réussi à me marquer à ce point, cet album mérite amplement sa place parmi les meilleurs albums que j'ai pu écouté dans mas vie.

Ayllich

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