Garage Inc.
6.1
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Compilation de Metallica (1998)

En cette fin de XXème siècle, Metallica a pour volonté de ne pas laisser s'écouler plus d'une année sans revenir sur le devant de la scène. Après avoir sorti coup sur coup les albums-frères Load et ReLoad, et peut-être en manque d'inspiration, le groupe décide en cette année 1998 de regarder dans le rétro et sortir une compilation. Mais comme le groupe n'aime pas faire comme tout le monde, cela sera une compil de covers de groupe les ayant un jour ou l'autre inspiré. Cet album sera double, avec sur le CD1 11 nouvelles reprises, alors que le CD2 regroupera toutes celles déjà faites entre 1984 et 1995, et par conséquent déjà disponibles sur tel ou tel support du groupe.
Ce mélange d'enregistrements issues de plusieurs périodes du groupe montre également l'évolution sonore, et en quelques sortes, l'assagissement des musiciens.
Le CD1 démarre par une mauvaise blague avec un morceau punk de Discharge qui n'apporte rien avec son riff en boucle et ses paroles martelées. Mouais, ça démarre mal.
On est guère plus enthousiaste face à une nouvelle reprise de Diamond Head. Là où l'exercice s'était avéré concluant sur "Am I Evil ?" , "The Prince" et "Helpless", ici, c'est davantage bancal. On ignore ce qui ne va pas, mais on grince un peu des dents.
Ca va mieux avec "Sabbra Cadabra" (auquel est greffé un bout de "A National Acrobat") qui voit Metallica joué avec efficacité, mais peut-être trop poliment. On commence à réaliser que Bob Rock a vraisemblablement trop arrondi le son du groupe, qui joue toujours fort, certes, mais n'est plus hargneux. Ce qui ne jurait pas sur les 2 albums précédents saute ici aux oreilles. A moins que ce ne soit le choix des reprises ?
Arrive enfin le premier vrai plaisir de ce CD1 ! Paradoxalement, il s'agit de la reprise d'un artiste totalement hors sphère metallique, celle de Bob Seger. Ce "Turn The Page" est une excellente surprise, et on souffle en se disant que tout ne sera pas médiocre, finalement.
"Die Die My Darling", et, plus suprenant, un "Loverman" issue du répertoire de Nick Cave qui voit Hetfield limite groover sont 2 bonnes nouvelles supplémentaires, tendant à rééquilibrer la qualité globale du disque.
Arrive deux autre sommets, avec un superbe medley de Mercyful Fate (qui avouera avoir gagné plus de thunes avec ce titre que sur l'ensemble de sa carrière...) et "Astronomy", qui, une fois adopté, ne demande qu'à être passé en boucle.
Beaucoup adorent "Whiskey In The Jar", perso, je trouve que cette reprise reprend les mêmes défauts que celles du début du disque, en étant trop gentillette. C'est certes un titre à la base pour faire la fête, mais tout de même, l'écoute n'est pas transcendante.
On fini sur 2 blagues de mauvais gout : "Tuesday's Gone" enregistré live dans une radio et qui bouche ici un trou sans apporter le moindre enthousiasme, et "The More I See", un autre titre de Discharge, violé alors qu'il ne demandait qu'à rester sur l'album d'origine.
Le CD2 est un peu plus bandant, heureusement. Les 5 premiers titres sont issus de l'EP "Garage Days", je n'en parlerai pas ici
On passe directement à "Am I Evil ?" et "Blitzkrieg", à la base parue dans cette configuration cover en face B de "Creeping Death". Nous avons donc le retour pour 2 titres de Cliff Burton à la basse, en 1998 ! Ce sont deux reprises en or, la première apparaissant régulièrement en concert aujourd'hui encore.
"Breadfan" et "The Prince" déboulent et font autant plaisir que les 7 morceaux précédents.
Place ensuite au morceau de Queen que le groupe jouait déjà sur scène, "Stone Cold Crazy". Pas le morceau le plus évident de la formation de May, mais l'hommage est tout de même réussi.
De même, "So What", sorte de blague potache, est bien plus réussi que ses cousines punk du CD1. On ne s'en lasse pas.
"Killing Time" est plus anecdotique, et ce CD s'achève par 4 reprises de Motörhead, jouées devant Lemmy à l'occasion de son 50ème anniversaire. Le cadeau est sympa, mais tiens plus de la parodie qu'autre chose et n'est pas fondamentalement indispensable.
Bilan mitigé pour ce double album donc. Quelques beaux efforts plombés par pas mal de ratés. Ce n'est absolument pas un must-have si l'on est pas un die-hard fan.

Shubby
6
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le 26 oct. 2016

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Shubby

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