Gene Simmons
6.2
Gene Simmons

Album de Gene Simmons (1978)

J’ai tendance à dire qu’aucun album ne m’a aucun surpris que l’album solo de Gene Simmons. Remettons les choses dans leur contexte : après 6 albums qui ont rencontré un réel succès et en pleine Kissmania, le groupe décide de sortir en un an, quatre albums solo, un par membre du groupe. Chacun est maître à bord et propose ainsi une nouvelle vision sur son propre travail.
Gene Simmons est le terrible bassiste quasi-leader de Kiss. Doté d’une voix caverneuse, d’un son sombre, responsable des passages de Groove (au hasard sur Love Gun) et aussi du côté heavy, on s’attend donc à ce que l’album de Gene Simmons soit à l’image de la pochette, le visage du bassite, maquillé en démon : démoniaque …


Et à la place on a un album très doux, rempli de pop, avec une réelle inspiration de la variété américaine des années 50-60. En ce sens, pour moi il s’agit de l’album où la pochette m’a le plus paru en décalage avec le contenu. Les cordes sont là à foison, on remarquera l’énorme dose de violons. Les choeurs féminins sont également sur-représentés et on a une ambiance finalement annonciatrice d’une volonté encore plus pop qu’on retrouvera via l’intégration du Disco dans Dynasty un an plus tard. Je pensais avoir du rock démoniaque, du Kiss en plus heavy, et à la place j’ai une espèce de Ringo Starr des Kiss !


L’album n’est pas mauvais, en soi il dispose réellement d’une certaine qualité. Il s’écoute avec plaisir et est doté de réelles qualités pop. Sans être révolutionnaire, l’album est surprenant dans le sens où on ne s’attendrait jamais à écouter cela dans du Kiss.
Attention, c’est important de comprendre que si Gene Simmons change de registre, il ne propose rien de bien novateur en soi, rien de haut-de-gamme, rien qui n’a pas déjà été mille fois faits. Pour autant, ça reste bien fait.
Cet album a une grosse dose de Soul, une petite de funk et, avouons le un petit côté rock tout de même. Même si le plus bizarre reste de finir avec une reprise de Disney dans une version très proche de l’original. Je vous le dis, on débarque en territoire inconnu, on n’est plus chez Kiss.


Pourtant l’album commence bien avec Radioactive, qui contient un petit côté rock assumé. L’introduction du morceau est sombre, fait très film d’horreur. La basse est groovy au possible (Gene Simmons ayant préféré se mettre à la guitare ici). Je trouve que ce premier morceau a une ambiance très Rocky Horror Picture Show, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Pourtant dès la suite, Burning up with Fever, on comprend le changement. Le morceau commence de manière un peu rock, mais très vite mais en avant un refrain beaucoup plus pop à grand recourt de voix féminines. Le rythme est également plus bluesy. Bien entendu ce n’est pas mauvais, bien entendu ça groove un petit peu. Mais c’est simplement inattendu sans être pour autant grandiose. Il y a même des moments où on sent comme une inspiration Stevie Wonder ! C’est dire !
Ce qui se remarque le plus pour moi est cependant le groove réellement présent dans cet album, notamment avec des titres comme celui-ci.


See you Tonite est annonciateur de toute la fausse phase des ballades rock des années 80 et du rock FM se prétendant plus burné qu’il ne l’est réellement. Très mignonne, pas sûr que ça soit ce qu’on attende d’un morceau de Gene Simmons. Là encore on est dans un morceau pas trop mal et sympathique mais vraiment pas fou.
On sent cependant que la descente en qualité s’annonce au fur et à mesure. A ce titre, Tunnel of Love ne trompe pas avec une seconde guitare mal géré et une mise en forme très caricatural, entre des couplets faussement rock, là encore annonciateurs du rock FM des années 80, et des refrains très souls qui semblent absolument hors de propos ici.
True Confession va encore plus loin en assumant totalement un couplet de remplissage qui sert juste à garder l’auditeur jusqu’aux refrains qui sont donnés aux choristes et au groove. Disco nous voilà ! Sympathique oui, très annonciateur de Dynasty (j’aurais préféré que le morceau soit sur cet album à ce titre), mais là encore très hors propos finalement.


Living in Sin ouvre la seconde face de l’album, et commence là aussi avec une introduction un peu malsaine, typique de l’ambiance sexuelle qu’aime tant Simmons. Dommage, le morceau continue avec une thématique groovy faisant penser encore une fois à un Rocky Horror Picture Show un peu moins rock et non à du Kiss démoniaque et heavy. En soi ce n’est pas mauvais … Mais on dirait juste une face B de remplissage.
Always near you/Nowhere to hide est longue et ennuyeuse. Vraiment. On comprend vaguement les inspirations mais c’est mal fait. Là où Gene Simmons surprend en sortant de sa zone de confort mais en réalisant toujours des productions simples, évidentes, mais bien foutues, là on a vraiment le droit à un raté.
Ce sentiment d’à côté continue tout de suite avec Man of 1000 Faces … Le chant est à revoir, il manque d’énergie. Tout est fait pour amener à des refrains qui sont là aussi dans du déjà vu, mais mal amené. Mal fait. On dirait que Simmons a remplis sa face B avec des morceaux prévus pour cela justement. Puis cette orchestration prétentieuse derrière pour un morceau qui n’a pas les épaules pour la porter.
Mr Make Believe est également insipide au possible, une petite ballade. C’est pas horrible, comprenons nous, mais là où la première face avait de bonnes idées qui au moins étaient groovy, là on a un sentiment de remplissage, de compositions sans réelle âme. C’est répétitif, sans âme, sans intérêt et on remplit le vide à grand coup d’orchestration qui fait nous demander si on écoute pas un vague musicien pour grand-mère qui passe chez Drucker ?
See you in your Dreams marque la fin de l’album, la première fin d’une certaine manière, la vraie. Gene Simmons nous rappelle qu’il est l’un des leader de Kiss en osant reprendre son propre groupe mais en rénovant un peu le contenu. Je suis tout à fait d’accord avec les choix sonores de monsieur Simmons, si les choeurs sont trop typiques de cet album et que le solo manque du génie créatif d’Ace, je pense qu’il aurait dû refaire une troisième version absolue et parfaite avec le reste de Kiss, la version parfaite, qui serait devenue aussi légendaire que Strutter, Love Gun ou Rock and roll all Nite.
Enfin, on a le droit à une seconde fin en somme, une sorte de chanson bonus : When you wish upon a star ! Et oui, une chanson Disney ! Et ne cherchez pas une version modernisée, non, Gene Simmons reprend l’original avec une orchestration aussi féerique. Le but est assumé : un plaisir personnel, une envie privée. Alors ce n’est pas fou, mais c’est peut être la chanson la plus sincère que Simmons n’ait jamais fait et ça clôture parfaitement le côté improbable de cet album.


Clairement, il y a un gros manque d’équilibre entre les deux faces du vinyle. Clairement, il y a beaucoup trop de morceaux sans âme. Clairement, le résultat est improbable, surprenant plus que novateur. Pour autant, pas mal de morceaux sont plaisants. Il n’y a pas de grands titres, de vrais tubes, et l’album manque d’une certaine unité qu’on aurait pu espérer dans un tel projet solo.
Oui, j’aurai pu mettre moins, mais je trouve ce disque si WTF dans l’ensemble de Kiss que je ne peux que lui mettre une pareille note.

mavhoc
6
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le 7 juin 2020

Critique lue 223 fois

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