C'est en commençant à écrire sur cet album il y a déjà quelques temps que je me suis rendu que ça allait être compliqué. Il y a beaucoup, mais vraiment beaucoup, de choses à dire simplement pour introduire cet album, ce groupe et ce chanteur. Parce que bien entendu, si vous ne connaissez peut-être pas trop ou pas du tout Generation X son front-man est une future star des 80s. Il s'agit d'un petit Elvis blond platine surnommé William Broad, plus connu sous le pseudo de Billy Idol !
Justement, pourquoi Billy Idol ?
Difficile de séparer le vrai du faux, la légende de la réalité. Parce que c'est facile de dire des trucs dans ses biographies ou dans des interviews. Quand il était encore à l'école l'un des profs du petit Willy l'avait qualifié d'idle, pour faire simple il en branlait pas une en cours. Il garda alors le surnom qu'il transforme en Idol, à la fois pour faire du second degré avec le côté idole du Rock et s'en moquer, mais aussi pour ne pas qu'on le confonde avec Eric Idle des Monty Pythons.
Le jeune homme commence sa carrière en tant que guitariste et non chanteur. Alors qu'il fait partie du Bromley Contingent, sorte de gang de groupies des Sex Pistols (où officie Steven Severin et Siouxsie Sioux, pour ne citer que les meilleurs), il rencontre ce qui deviendra le groupe Chelsea. Formés par les fondateurs d'Acme Attractions, située...et béh justement à Chelsea en plein cœur de Londres. C'était alors une boutique de vêtements qui surfait sur la vague de McLaren et Westwood (deux piliers du mouvement Punk) mais qui reste tout autant importante pour le milieu. Son comptable Andrew Czezowski deviendra manager de The Damned et Generation X, et créera The Roxy l'une des plus grandes scènes de l'histoire du Punk.
Bon vous me suivez toujours ?
C'est au leader de Chelsea, Gene October, que Billy doit toute son image. Exit les grosses lunettes dégueulasses, bonjour le look rocker des 50s avec des manteaux de cuirs et la brosse blonde platine . Mais après seulement quelques concerts il décide de se barrer avec le bassiste Tony James et ainsi fonder ensemble un tout nouveau groupe, les deux hommes en ayant marre de ne jouer que des reprises.
Le tout nouveau et tout beau Generation X entre assez rapidement en studio vu le talent des deux comparses. A la mi-1977, ils signent chez Chrysalis Records producteurs de nombreux grands groupes anglais de l'époque (Blondie, Ultravox, la future carrière solo de Billy Idol, The Specials, The Selecter, etc...). Le premier single Your Generation décolle plutôt bien, se fait défoncer par Elton John et aura le droit à une performance dans l'émission télé de Marc Bolan.
Dans la foulée, Gen X sera l'un des tout premiers groupes Punk à faire du playback sur la scène de Top of the Pops. Contrairement au reste du mouvement Punk, ils sont plus accessibles autant dans leur look que dans leur musique. Ils se feront d'ailleurs vivement critiqués par le manque de contenu politisé et de n'être que des poseurs...même s'ils sont des pionniers du genre. C'est justement grâce à cette image plus propre et ce son plus proche des Small Faces ou des Kinks qu'Idol et James atteignent le succès.
Début 78, l'autre gros single du groupe sort mais ne se classe pas aussi bien au Top 40 des singles au Royaume-Uni. Mais c'est aussi l'année de la sortie du premier album, tout simplement appelé Generation X. Produit par Martin Runshent qui a impressionné les jeunes gars avec son boulot sur les deux premiers albums des Stranglers. C'est ce donc de ce LP que je vais parler maintenant !
Et là je me complique encore la vie, parce qu'il existe deux versions. Celle de la sortie originale en Angleterre et ensuite la version US (celle présente sur SensCritique). Dans cette dernière trois titres sont interchangés avec les singles. Je vais donc suivre la version originale mais je vais quand même parler des chansons supplémentaires de la seconde.
Petit arrêt obligatoire sur la pochette, d'une simplicité adéquate qui colle à ce qui se faisait à l'époque. Rien de bien spécial en soit, rien de dégueulasse non plus au moins on a pas le droit à une mascotte pourrie ou un dessin fait avec les pieds. Non juste une photo du groupe, tout de même prise par Gered Mankowitz, un photographe extrêmement réputé dans le milieu. Il a entre autres pris des clichés des Rolling Stones, Marianne Faithfull, Jimi Hendrix, Suzi Quatro, Sweet, Kate Bush et même aussi Budgie et Duran Duran.
Le disque original s'ouvre sur From The Heart. Bon sang que c'est évident que Billy est encore tout jeune, il a certes déjà sa voix cool comme personne mais il est encore loin d'être ce pseudo Elvis star des 80s. A peine plus de deux minutes pour déclamer son amour à toute vitesse, ça décoiffe mais pas sa coiffure !
En parlant d'amour, cette fois-ci c'est plutôt pour les fans et toute la clique loyale, c'est de tout ça dont parle One Hundred Punks. C'est sûr que Generation X assure, certes bien plus gentillet que la vague Hardcore qui arrivera plus tard mais c'est justement tout le charme du groupe et de cette chanson en particulier.
Listen n'a rien de bien spécial, sans être mauvais non plus. C'est sans doute pour cette raison que le titre disparaît de la version US.
Le premier single du disque, Ready Steady Go, vient de suite tout rattraper et on pardonne le titre précédent. Véritable lettre d'amour au vrai Rock'n'Roll et à Cathy McGowan journaliste et présentatrice de l'émission du même nom que la chanson. C'est d'une efficacité pas possible et l'une des meilleures de l'album, vraiment bien écrite, sans fioriture et Idol prend vraiment toute la place et c'est un compliment.
Est-ce que Kleenex est une chanson de fesses ? Je crois plutôt juste de masturbation...enfin je crois ? Bon et béh c'est en réalité assez oubliable mais pas désagréable non plus. Je parle de la chanson là hein.
Inspirée par le groupe Mott The Hoople, Promises Promises fait presque tâche. Un poil plus de cinq minutes dans le Punk Rock c'est un peu étrange. Generation X a toujours été inspiré par le mélange des genres, empruntant souvent au Glam Rock. Et ça se sent en particulier ici, surtout aussi sur le reste de la carrière du chanteur mais on y est pas encore. Mais bon dans tout ça c'est vraiment bien foutu et c'est sans doute ma préférée ici présente.
Day By Day ouvre la face B sur une guitare qui déchire et un tempo à cent à l'heure. Tout le contraire de la chanson précédente, on coupe court, on s'éternise pas, on est pas là pour déconner et ça fonctionne parfaitement.
The Invisible Man est un autre titre qui dégage de la version US. Et à nouveau je comprend, ça n'a rien de bien original ni de remarquable, mis à part un court et sympathique solo de batterie.
Kiss Me Deadly est souvent la chanson la plus populaire et la plus connue de l'album. Et à raison ! Cette fausse ballade qui implose en cours de route est d'une efficacité redoutable. C'est aisé de comprendre pourquoi, il s'agit d'une vraie petite pépite que soit sur l'album ou sur la scène Punk. Et même si sa voix n'est pas toujours parfaite, c'est évident qu'il est une star en devenir. Il suffit d'écouter des prestations plus récentes du même titre pour remarquer la progression de l'idole.
La chanson suivante Too Personnal est la troisième et dernière à ne pas figurer sur l'édition américaine. Et merde c'est à croire que la maison de disque avait raison pour une fois, enfin si c'est eux qui ont pris la décision. Beaucoup trop de groupes ont subi des coupes dans leurs disques quand ils sont sortis aux US, c'est souvent incompréhensible vu que de gros tubes ou pépites sont dégagés. Mais là non non, uniquement les titres les plus oubliables partent et sont remplacés par de meilleurs choix...enfin...vous allez voir, un peu de patience.
On clôture la version anglaise avec Youth Youth Youth. Ce qui est finalement le titre le plus Punk du lot. Véritablement marqué par sa guitare agressive et ses paroles sur la jeunesse désabusée de l'époque. Six minutes pleines de hargne et de brutalité, exacerbées par un solo de guitare en plein dans ta face d'environ trois minutes. Ça change vraiment de ce qu'on a plus entendre plus tôt et ça décoiffe comme pas possible, même Billy a certainement été obligé de remettre des litres de laque.
Mais ce n'est pas tout à fait terminé !
Sur l'album l'album américain, les hostilités sont ouvertes avec une reprise de John Lennon. Gimme Some Truth, qui du coup est aisément la chanson la plus politique de toute l'histoire de Generation X. Alors honnêtement même si je l'aime bien, je trouve que c'est une reprise totalement inutile. Mais ça reste cool et tout à fait logique à placer sur un album Punk.
Your Generation vient s'intercaler entre One Hundred Punks et Kiss Me Deadly. Véritable premier single du groupe, c'est assez dommage qu'il ne soit pas sur l'album original. Non sérieusement c'est complètement con parce que c'est l'un des meilleurs trucs qu'ils ont pu faire dans leur courte carrière.
Et donc on termine pour une deuxième fois avec Wild Dub qui se place juste avant Youth Youth Youth. Ouais bon là ouais non merci. Ces remixs dub je comprend pas, ça fonctionne pas, c'est juste chiant au bout de trente seconde et ça colle pas avec le reste. On oublie et on fait comme si ça n'existait pas.
Pour un album enregistré dans un trou un rat, en une semaine et souvent avec une seule prise, mais surtout par un tout jeune groupe, autant dans leur âge réel et du fait qu'ils se sont formés peu longtemps avant, purée que c'est efficace. Les paroles de Tony James, certes clichés de cette époque et la musique de Billy Idol, prouvent définitivement le talent des deux hommes. Le bassiste dira de l'enregistrement de Youth Youth Youth, ils étaient simplement dans une sorte de garage, un mur d'enceintes, pas de casques, juste eux en pleine nuit et leur agressivité.
Oui ils sont bien plus gentillets que leurs confrères les Sex Pistols ou les Clash mais ça ne les empêchent pas de classer l'album vingt-neuvième des charts anglais. Même si c'est loin de succès des autres, tous les groupes ne peuvent pas se vanter de se placer aussi haut.