SANS DIRE UN MOT.
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L'un des rappeurs les plus sous-estimés de New York a sorti son dernier album, Gilda.
Le projet de Kemba a été baptisé du nom de sa mère décédée en 2017 et l'a influencée.
Il raconte cet album à propos de la perte, de sa famille et de sa communauté, tout en mélangeant des influences musicales allant de Kid Cudi à Kanye en passant par Kendrick Lamar.
La qualité la plus captivante de cet album réside dans l’interaction entre les manœuvres vocales de Kemba et une production proche de celles du milieu des années 2000. Il n'y a rien de simple, et Kemba utilise sa voix pour extraire une émotivité qui rend Gilda une expérience émouvante.
Ce ne sont pas que des rimes : l'album essaie très intentionnellement de transmettre l'état mental de perdre un parent alors que vous êtes déjà confus à propos de beaucoup de choses dans votre vie.
"Dysfunction" est un excellent exemple de l'interaction entre la voix et la production. Il rappe qu'il "a perdu [sa] mère à la suite d'un accident vasculaire cérébral", et se demande s'il aurait pu "l'éviter".
Poignant.
Un professeur de rap pourrait sérieusement montrer cette chanson comme un excellent exemple de fusion de forme et de fond afin de susciter une émotion - le principe qui anime l’ensemble de la musique de Kemba sur GILDA.
Parce que oui, Kemba fait superbement cet assemblage, laissant ainsi l'auditeur bouche bée.
En résumé, voilà un album captivant où le Hip-Hop est au rendez-vous (Captain Planet, Nobody I Can Trust, Peter Pan, Last Year Being Broke), où l'introspection se fait une place (What a Day, Dysfunction, Who Would’ve Thought), où les deux se rassemblent (The Feels ft. Portugal The Man), où le Blues nous fait les yeux doux (Exhale ft. Smino) et où quelques gouttes d'huile essentielle de Kany West sont utilisées (Alive ft. Eric Bellinger, Captain Planet).
2019 marque, de manière inattendue, une émergence d'albums profonds qui parlent de santé mentale comme si le-dit Mr West, avec "YE" et ses témoignages sur sa bipolarité, avait ouvert une porte artistique.
Après YBN Cordae et son "Lost Boy" parlant de la réflexion sur soi, Kevin Abstract et son "Arizona Baby" qui décortique les traumatismes profond d'une adolescence traumatisante d'un jeune gay noir rejeté par sa famille, Little Simz en totale dépression sur "GREY Area", Maxo qui livre une méditation personnel sur le chagrin accumulé de la vie sur "Lil Big Man" ou même Polo G sur "Die a Legend", voici un palpitant projet où la douleur de la perte d'un proche est contée sans tomber dans le pathos et même au contraire, en s'élevant vers une réalité subtile teintée d'espoir.
7/10
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums de 2019
Créée
le 17 oct. 2019
Critique lue 45 fois
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