Back to roots
Le volte-face peut être vu comme une solution de facilité ou bien comme une démarche courageuse. Des visions qui ont chacune leur propre arguments recevables sans pour autant être meilleures que...
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le 27 oct. 2015
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Le volte-face peut être vu comme une solution de facilité ou bien comme une démarche courageuse. Des visions qui ont chacune leur propre arguments recevables sans pour autant être meilleures que l’une ou que l’autre au final. Parce que tout auditeur normalement constitué ne se dira qu’une seule chose : « alors il est bon ce CD ou pas ???!!! ».
Give Out But Don't Give Up, c’est l’album oublié de la discographie de Primal Scream. Car coincé entre la sortie qui les a fait exploser et une autre les remettant sur les rails de l’électro et du psychédélisme. Puisque la voilà sa principale nouveauté : cela n’a rien à voir avec Screamadelica. Il ne s’agit plus de dance rock et encore moins d’acid house, mais tout bonnement de rock. Un rock Stonien donc bluesy et suffisamment mélodique pour ne pas être une musique horriblement désuète.
Horreur et damnation ! Les Écossais ont changé totalement de style ! Le NME clamera justement qu’ils étaient devenus des "traîtres à la cause dance". Des réactions amusantes avec le recul et hélas très courantes à cette époque (suis-je obligé de radoter une nouvelle fois à propos de la vision des journalistes sur le shoegaze ?). C’est à croire que le port d’œillères était obligatoire dans les rédactions.
La troupe se doutait bien que ce skeud ferait du bruit et allait provoquer des réactions hostiles. Sinon, pourquoi le faire débuter avec ce faux départ où on peut entendre un breakbeat sur l’immense tube « Jailbird » ? Ce titre, c’est un hymne à la gloire du rock dans ce qu’il a de plus basique, de groovy et donc de jouissif. Les gonzes assument complètement de taper dans une musique déjà exploitée il y a bien longtemps. Mais quand c’est aussi bon, on ne peut pas y résister. Surtout que c’est peut-être meilleur que bien des reliques poussiéreuses (oups !). Même chose pour « Rocks » qui est simplement un des morceaux les plus entraînants qui existent. Diffusez-le n’importe où et vous êtes sûr de rameuter une foule avec vous.
Give Out But Don't Give Up ne se contente pas toutefois de marcher à l’énergie rock. Il part explorer également le funk (le très efficace « Funky Jam » accompagné de George Clinton), le rock psyché (la pièce montée « Struttin' ») et surtout la soul. Une belle poignée de ballades égrainent cette sortie et c’est probablement ce qui l’a fait voir d’un mauvais œil par beaucoup. Alors qu’elles sont pourtant habitées et écrites avec grand soin.
Bobby Gillespie a changé depuis l’ère Screamadelica. Il n’est plus le chanteur gentillet qui peinait à nous captiver sur des slows téléphonés. Il est devenu l’Écossais le plus cool de l’univers. Aussi bien capable de renvoyer aux oubliettes le poussif Mick Jagger (re-oups !) sur du rock primaire, festif comme « Call On Me » et ses cuivres orgiaques. Comme de déverser du miel dans nos oreilles sans nous écœurer à l’image du refrain en duo avec Denise Johnson sur « Cry Myself Blind » ou le reposant « Big Jet Plane ». Denise qu’on retrouve également seule sur l’étonnant « Free ». Moment de pure soul à l’ancienne.
Néanmoins, si cette 4ème œuvre du Cri Primaire est sous-évaluée, elle n’est pas exempte de défauts. Le disque s’essoufflant dans ses dernières chansons en dépit de belles pièces, comme la ballade « I'll Be There for You » (superbe guitare à la Gilmour) et la country gospel de « Sad And Blue ». Ce qu’on pardonne moins, c’est la faiblesse du morceau titre. Un jam funky lancinant et pénible car affreusement répétitif. La présence de George Clinton ne sauvant même pas ce titre du désintérêt complet.
En définitive, Primal Scream était en plein dans un délire rétro. Ils voulaient à tout prix sortir un album plus traditionnel pour rappeler à leur public qu’ils étaient un groupe de rock avant tout. En dépit du fait qu’ils avaient su réconcilier les pistes de dance avec les guitares. Pari loupé pour eux, tant Give Out But Don't Give Up eut mauvaise presse à sa parution. Voilà qui est dommage. S’il ne s’agit pas d’un de leurs meilleurs disques 20 ans plus tard, ça reste tout de même le meilleur album des Rolling Stones.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.
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le 27 oct. 2015
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