Sorti en 1975 dans le semi-anonymat, "Go Girl Crazy" compte pourtant parmi les influences des premiers groupes de punk, comme "Raw Power" des Stooges ou encore "Back in the USA" de MC5.
L'album s'ouvre sur The Real Big Thing, dont l'intro à la guitare pleurante rappelle volontiers The Who avant d'éclater en morceaux par les riffs efficaces et corrosifs de Scott Kempner ! Andy Shernoff, le chanteur/bassiste n'hésite pas crier, monologuer dans son micro et à jouer avec les choeurs, ce qui rend le titre plutôt épique ( The Real ( Big ) Thing/Epic, vous saisissez ? Enfin bref ! ).
S'en suit I got you babe, une ballade aux abords niais... Avant que la voix nonchalante de Shernoff et les choeurs de Richard ( Alias Handsome Dick, je n'invente rien ) s'amusent à dialoguer et à se moquer de la candeur de la chanson. C'est en ça que The Dictators, malgré leur son plutôt propre, s'apparente à du proto-punk : ils se tournent en dérision, s'en foutent éperdument du regard de l'auditeur sur leur chanson.
La troisième piste, Back to Africa, est sans conteste la plus intéressante musicalement de l'album ! Les influences Ska se font sentir avant d'être balayées par des riffs d'acier. Puis sans oublier les superbes descentes de basse et les solos endiablés de Ross The Boss. Ce titre est une véritable épopée aux diverses influences, aux séquences de rythme diverses et variées... On ne peut s'ennuyer sur ce titre ! Le bémol demeure la pauvreté des paroles, hélas récurrente dans tout l'album.
Par contre, le titre qui suit, Master Race Rock, s'avère plus décevant. Il s'annonce éclatant de vie ! Puis les lignes de basse sont plus captivantes et le travail sur le rythme apparaît encore dantesque. Bref, bien proto-punk. Mais une ombre glam voir heavy metal s'abat sur la fin du titre et laisse un goût amer.
Quant à Teengenerate, l'intro au clavier donne encore un agréable souvenir des Who... Mais le titre reste sur la lignée du précédent, en moins énergique et encore plus glam, avec les choeurs qui scandent des "lalala" à profusion. Sans oublier les notes mielleuses de piano qui ont considérablement mal vieillies. Néanmoins, on sent que comme lors du précédent titre, les membres de The Dictators ont pris du plaisir à enregistrer ce titre et ça, après tout, cela n'a pas de prix !
Enfin arrive California Sun avec une intro frôlant le Rock à billy. Délirant et solaire, ce titre rend joie. Les alternances chant/guitare s'avèrent entraînantes. Il s'agit d'un morceau plutôt simpliste et répétitif, mais agréable à l’ouïe.
Two Tub Man est sans conteste le titre le plus proto-punk qu'il soit dans cet album. La voix de Shernoff se fait plus éraillée, comme s'il crachait sa verve au micro et le son du guitariste soliste s'avère plus sale qu'auparavant !
Et quelle est notre surprise quand nous tombons sur Weekend, un titre bien plus lisse que le précédent. Voir plat. Voir plan-plan, ponctué de "Set me free" ou encore de "lalala" si guimauves que j'en frôle l’écœurement !
L'album se termine sur ( I live for ) Cars and girls. Rien que le titre ne présage rien de bon au niveau des paroles. Et je ne me suis pas plantée : http://www.metrolyrics.com/i-live-for-cars-and-girls-lyrics-the-dictators.html ( Beauferie certifiée et approuvée par Heineken ). Le titre, encore une fois, s'avère sans prétention. Au mieux agréable, mais on n'en tire rien d'intéressant.
Sans hésitation, les membres de The Dictators ont été bercé par les Who, et signent un premier album prometteur, inscrit dans son temps par ses influences glam mais aussi avant-gardiste par son travail sur le rythme, ses riffs/solos bruts et son auto-dérision assez débordante. Cependant, l'album s'avère assez inégal, en particulier à cause des deux derniers titres décevants par leur manque de consistance en comparaison, par exemple, des trois premiers titres. Aussi, les chœurs sont parfois trop présents et alourdissent certains titres.