Godbluff par PiotrAakoun

Alors que Genesis devient le chantre de la musique progressive, un autre groupe fait parler de lui, mais n'atteindra pas la popularité de leurs congénères ... pourtant Peter Hammill, tout comme Peter Gabriel a des qualités vocales exceptionnelles et sa créativité est débordante ... mais plutôt que de vivre dans leur ombre, il décide de se démarquer de la mouvance progressive, même si beaucoup ont tendance de l'y rattacher ...

"Godbluff" est un album emblématique, mais il ne faudrait pas que ce soit l'arbre qui cache la forêt, un tas d'autres albums vont surgir et tous de grande qualité ... mais c'est sur celui-ci que je vais m'attarder, car c'est celui que j'ai le plus écouté, faisant partie de ma collection de vinyles ...

Tout commence par une flûte envoûtante et la voix ténébreuse de Peter Hammill, passant du grave à l'aigu instantanément, le charme opère tout de suite, nous proposant un morceau emblématique dès l'entame de ce disque qui s'annonce exceptionnel ... toute la poésie est perceptible sans qu'il soit nécessaire de comprendre les paroles ... le saxophone fait son entrée remarquée et ne fera que prendre de l'amplitude pour nos oreilles ravies ... la suite ne fait que prendre de l'altitude ... la voix de Peter Hammill ne faisant que varier de la douceur au déchirement ... le clavinet, version électrique du clavecin, mais avec effets de distorsion et pédale wah-wah, y fait des ravages et sera la marque de fabrique de tout l'album ... l'intensité est telle que c'est sur un larsen que se termine le morceau et c'est sur les rotules, complètement sonné que l'on termine la face A de cet album ...

On poursuit sur une rythmique et une basse bancale, le tout supplanté par un saxophone atmosphérique, impérial .... puis après cette intro étrange, on sent poindre le corps du morceau, avec un emploi tout en finesses du clavinet et cette voix qui nous assaille, le tout avec une flûte aérienne, le contraste est saisissant, puis ce sax déchirant et suave simultanément qui se marie si bien avec la voix singulière de Peter Hammill ... la tension monte progressivement et le son gagne en densité, à la limite du funk ... mais très vite on se rend compte que les comparaisons ne servent à rien ... l'on a ici affaire à des compositions qui ont leur singularité ... la suite est élégiaque, l'orgue remplissant son rôle grandiloquent ... c'est sur un mariage sonore judicieux que l'on termine cet album qui donne envie que d'une chose : découvrir le reste de la discographie de ce groupe atypique et trop méconnu, sauf des passionnés mélomanes ...