Une culture musicale personnelle, ça s'agrandit et s'enrichit un peu à la manière de monter un puzzle. Il y a des choses auxquelles on a pu passer à côté (sauf si on était trop jeune pour une époque donnée, ou bien si on vivait dans un village trop éloigné de tout), ou occulter à cause d'une préférence pour une autre œuvre musicale. Un jour, on se décide de combler un vide, un trou dans la continuité temporelle d'un groupe, en l'occurrence ici avec Sonic Youth.
L'album, Goo, a trop été négligé, voire boudé, la faute d'avoir tellement longtemps préféré l'autre album, Dirty, que j'écoutais à m'en pourrir le melon à l'époque. Il est plus que temps, enfin, de plonger dedans tout de go.
C'est un disque très fluide dans sa sonorité et bien énergique, qui s'écoute aisément et qu'adorait Michael Hutchence, le défunt chanteur d'INXS, à cette période naissante des années 1990. Des titres se révèlent d'emblée tels que "Dirty Boots" et "Kool Thing", reconnus aussi parce que découverts dans le film 1991 : The Year Punk Broke qui unissait tous les groupes d'une scène en passe d'émerger (Dinosaur Jr, Babes In Toyland, Nirvana, etc …) alors que le mot grunge n'était pas encore sur toutes les langues adolescentes. La basse de Kim Gordon en impose par moment, comme au démarrage d'un des meilleurs morceaux de l'album, "Mildred Pierce", à la fois hypnotisant, séduisant et menaçant à souhait, faisant référence au film du même nom et hommage à l'actrice Joan Crawford très certainement.
Goo est un album bien cool, mais aussi l'un des plus accessibles de la discographie du groupe new-yorkais dissout après la désunion prononcée entre Thurston Moore et Kim Gordon il y a quelques années maintenant. En plus de vingt cinq ans d'existence, Sonic Youth a pu faire jouir des oreilles ouvertes du monde avec son rock bruitiste et dissonant.