Les gardiens du temple

Jake Xerxes Fussell est un véritable orfèvre de la musique folk/country actuelle.

Ses chansons, à la première écoute et si on se trouve un peu distrait, peuvent paraître plutôt banales, presque quelconques, très épurées... bref, on pourrait passer à côté. Mais à bien y regarder, lorsque l'on réécoute chaque piste, on se rend compte qu'en réalité on avait oublié aucune chanson, qu'elles sont toutes restées gravées quelque part dans notre mémoire, dans notre cœur. Aucune trace d'usure, aucune poussière ne se dépose sur ses albums - ils sont bien trop bruts dans la forme et éclatant dans leur cœur.

L'orchestration des morceaux et très minimaliste, mais surtout pas simpliste. Chaque instrument compte, chaque note, chaque nuance, chacune de leurs apparitions et interventions sont précieuses. L'artiste a beaucoup de goût. D'ailleurs, lorsque l'on parcourt chacun de ses albums, aucune faute de goût n'est à déclarer. L'artiste est honnête en tout point : dans sa façon de jouer de la guitare (la pompe jouée au pouce héritée du blues et de la country traverse décidément bien les décennies), dans sa manière de chanter sans fioriture et sans effet et pour terminer dans l'écriture et le choix des textes.

Les albums de Fussell se ressemblent beaucoup et tant mieux ! Il tient le cap - avec d'autres de ses collègues. Au travers des modes, des changements musicaux et sociétaux. Il fait partie des derniers gardiens du temple, ceux qui ne se trahiront jamais ni ne se parodieront. Il continuera de raconter et chanter des histoires, des chansons, de véritables témoignages d'une époque, d'un lieu et de ces âmes qui y travaillaient/ent (Canyoneers continuera de me bouleverser à jamais).

Cet album, comme les précédents, gagne à être écouter encore et encore : en voiture ou en bricolant, d'une oreille distraite ou religieuse. Il fait pour nous accompagner. Il est, pour ma part, exactement ce que je recherche dans la musique folk/country actuelle : le parfait alliage entre modernité, tradition et honnêteté.