Ou pas def !
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le 11 avr. 2016
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Les quatre années qui séparent « Gore » de son prédécesseur sont passées vite.
« Koi No Yokan » avait pour moi deux ans tout au plus... Les morceaux en preview sur internet n'étaient pas parvenus à mes oreilles. La découverte de ce nouvel album s'est donc faite d'un bloc et je dois dire qu'il a été pour moi un de ces albums qui se digèrent avec le temps, plus que les précédents. Et plus que « Koi No Yokan » notamment, qui avait quelque chose d'immédiatement poignant mélodiquement sur certains titres (comme « Poltergeist » ou « Gauze »). « Gore » est façonné différemment même si le "génome musical" de Deftones reste le même et qu'on le reconnait toujours parmi mille groupes, en grande partie grâce à la voix de Chino Moreno.
Les premières écoutes de « Gore » m'ont déstabilisé car j'y suis resté relativement imperméable, je n'ai pas réussi à ressentir grand chose de particulier. Simplement une grande impression de linéarité et de compacité. Jusqu'à présent, découvrir un nouvel album de Deftones avait toujours été synonyme de claque quasi-instantanée d'une manière ou d'une autre. Force est d'admettre que « Gore » n'est pas de ceux là, et que la glace qui l'entoure n'a pas fondu aussi facilement que pour les autres.
La production générale est réussie mais semble relativement moins frontale et massive que dans « Koi No Yokan » ou « Diamond Eyes » par exemple. Il y a quelque chose de plus épuré, voir de cristallin dans les guitares et la batterie (en particulier la caisse claire qui sonne plus tendue), et ça change déjà pas mal de choses.
C'est globalement moins explosif (et non pas moins violent) que ce qui s'est fait dans les trois ou quatre derniers albums sur le plan purement sonore. Pour autant, l'atmosphère générale de cet opus a quelque chose de vraiment particulier et constitue un de ses grands points forts à mes oreilles, à l'image de cette cover esthétique mais inquiétante.
En terme de compositions, « Gore » n'est vraiment pas en reste. Il y a ce que Deftones sait terriblement bien faire : cette patte mélodique si caractéristique, cette écriture sinueuse qui m'a perdu sur les premières écoutes mais qui m'a conquis quand j'ai finalement su l'anticiper. « Gore » a quelque chose d'arithmétique, des structures rythmiques vicieuses comme on y était déjà habitué, mais plus encore que sur les anciens albums. Et pour contrebalancer ça, une véritable efficacité mélodique grâce à cette alchimie unique entre la voix de Chino Moreno et le duo guitare/basse (rien de nouveau sur ce point).
Je retiens ce riff de guitare fou sur « Pittura Infamante » qui débarque sans prévenir au milieu du morceau, le refrain aérien de « Doomed User » qui renoue pas mal avec l'ancien album, le refrain du titre éponyme aussi agressif que déroutant, l'étrange mais fascinant « Acid Hologram », l'ambiance de « (L)MIRL » ou encore le plus enjoué « Xenon ».
Certains titres sont plus dispensables comme « Hearts / Wires » ou « Phantom Bride » que je trouve assez tièdes mais qui n’entachent pas vraiment la qualité de l'album au final.
Même s'il a tout du nouveau né de Deftones, « Gore » n'est assurément pas l'album le plus facile à appréhender de la formation américaine. Relativement complexe dans ses atmosphères, ses mélodies et ses structures, son efficacité croît avec sa compréhension et l'acceptation de ce qu'il a d'obscur, pour finalement le révéler comme un très bon album, à la fois subtil et tranchant.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs albums de 2016
Créée
le 16 avr. 2016
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