"He's not such a good fighter". Hélas, elle a raison...
Étranges sensations en sortant de la salle... La première fut l'impression de sortir d'une grotte après une bonne décennie d'isolation. Enter The Void est le seul film qui me fit également cet effet, une fois revenu à la réalité. La seconde fut une grande confusion...
Only God Forgives me plaisait bien trop avant l'heure. Ryan Gosling en tête du nouveau Winding Refn, juste après Drive, en Thaïlande et avec ce thème de muay thai qui me prenait particulièrement par les sentiments... Quel cocktail incroyable.
Dès les premiers instants, le film impressionne par son esthétique extrêmement sombre. Le décor est posé : la mise en scène fait ravaler sa salive. Mélange de rouge et de noir, mouvements mesurés de personnages silencieux dans un dédale aussi mystique qu'infernal. Only God Forgives est ultra-cabalistique. Et c'est l'immense atout du film, cette mise en scène sulfureuse. Une esthétique d'enfer couplée à une bande son efficace, une vraie claque sur la forme.
Puis la trame évolue, se met en place, plus ou moins. Le duel s'installe, toutes les ficelles se tendent à leur maximum, avant de céder petit à petit. Et les défauts du film apparaissent lentement... Le stoïcisme de Ryan Gosling, pourtant si plaisant dans Drive, ne fonctionne pas. L'envolée charismatique n'a pas lieu, le personnage reste fade, trop fade, et ce tout en sachant qu'il tient plus du anti-héros que du héros conventionnel. Certaines scènes, pourtant terriblement bien mises en scène, deviennent un échec du fait de la performance. [ATTENTION AU SPOIL] C'est le cas du duel à mains nues opposant Julian au flic. Si le côté chorégraphié est sans doute voulu, la gestuelle est mal assurée, et je n'ai pas réussi à croire que j'assistais à un duel de boxeurs confirmés... Le constat est là, Ryan Gosling ne sait pas boxer. Échec aussi, de cette scène suite au repas avec sa mère, où Julian s'énerve, et que ça ne passe pas. Un certain malaise s'installe, mais également la désagréable sensation que ce malaise n'est pas le bon.
Pourquoi également fallait-il y aller aussi fort sur les personnages..? D'un côté comme de l'autre, la caricature est trop poussée. Que nul ne soit attachant, c'est une chose, mais que nul ne soit crédible en est une autre. Ni cette mère immonde et vulgaire, ni ses fils, ni aucun autre n’acquièrent une profondeur suffisante. Ces liens (plus tribaux que familiaux) ne prennent pas assez de consistante. A tel point que les scènes où leur sort est mis en jeu ne créent pas l'excitation escomptée.
Le duel est grisant de par sa mise en scène mystique et son rythme hypnotique, mais les personnages y prenant part ne le sont pas... C'est vraiment dommage.
Un dernier point que je n'aurais jamais pensé évoquer (moi qui suis d'habitude friand et jamais rassasié de ce genre de chose), c'est un certain manque de jouissance dans les scènes de violence. Trop abondantes, et excessives par leur aspect gore. Une sensation de trop (à ne pas confondre avec un rejet par dégout).
Et pourtant cette ambiance, cette esthétique formidable... La voilà la confusion...