Ce disque-là, pour ainsi dire, est comme un vin d'exception. Je le sors peu de la discothèque personnelle et cette envie rare rend l'écoute souvent précieuse. Néanmoins, je dois avouer que cet effet ne marche pas tout le temps. Il faut une humeur particulière pour être totalement dedans.
Grace, premier et unique album sorti du vivant du fils de Tim Buckley, a fait découvrir un chanteur talentueux, une musique et une voix imprégnées d'une certaine lumière ou qui en dégage. Mélancolique. Beau. Angélique, pourquoi pas?
Beaucoup retiennent systématiquement "Hallelujah", chanson reprise à Léonard Cohen diffusée un peu (trop) partout. Il serait dommage d'occulter "Mojo Pin", en première position de l'album, avec ses montées vives à crescendo qui nous cueillent intensément. On parle peu de l'autre chanson, reprise à Nina Simone et que Jeff Buckley chante très bien aussi : "Lilac Wine". Avec "Corpus Christi Carol", c'est la meilleure élévation qui transporte au plus profond de quelque chose à la fois beau et indicible. Il y a aussi ces morceaux assez tendus, "Eternal Life" et "Dream Brother", qui éveillent le feu à la fin de l'œuvre.
Petit bémol, "Forget Her", titre qui n'est pas présent sur l'édition en cassette, donne l'impression d'être un ajout ici superflu même si le morceau est bon. Mais il semble ne pas avoir sa place dans Grace, un premier album considéré comme un classique (in)contournable.