On l'imagine accoudé à un vieux bar en zinc. La mine grise. Le regard bas. Il vient de quitter son grand amour avec fracas. Après un long silence immobile, son regard pivote vers le barman et ses lèvres s'animent à nouveau.
Il livre alors, sans fioritures, l'histoire de sa vie. Le goût de son malheur. La hauteur de sa désillusion. Mais, au fur et à mesure, l'ironie du sort fend ses lèvres d'un sourire. Sa peine est énorme, mais c'est celle du commun des hommes.
Et, sur un air de guitare enjoué, il se met a laisser défiler les images de son adieu à ce tendre amour. Les personnes attablées interrompent leur conversation et se tournent, émues, devant ce grand brun désabusé et sa voix claire. Les passants s'arrêtent devant les portes battantes du bistro. Le tumulte de la ville se retrouve comme suspendu.
Avec quelle douceur il leur conta son histoire, entre folk et blues, la légende ne le conte pas. Mais nombre d'entre eux se souviennent encore des prénoms qui hantaient ces histoires, des sifflets de train et des amours perdus.
Auxquelles il répondait Hallelujah.