Les fiancés de l'hiver, premier tome de la saga, fourmillait de mystères et de frustrations pour son héroïne, Ophélie, expatriée de force vers une ville de glace pour y épouser un rustre et taiseux mari sans avoir voix au chapitre. Les disparus de Clairdelune, second tome, déployait un imaginaire plus ample, et révélait plusieurs clés du récit — la nature des esprits de famille et leurs origines. La mémoire de Babel, troisième et avant dernier tome de la saga, au lieu d'approfondir l'intrigue et de préparer une fin en apothéose pour le dernier tome de l'histoire (à paraître), se noie dans le mystère et l'anecdote.
La Passe-Miroir est construit comme une enquête, bousculée, menacée, l'héroïne, va, malgré elle au début, s'affermir, puis s'intéresser au monde qui l'entoure pour enfin en découvrir certaines arcanes. Seulement le tome 3 n'apporte aucun indice supplémentaire à ceux du tome 2. Les thèmes abordés ne sont pas développés — les roses des vents, la société totalitaire de Babel, le miroir suspendu — et l'on se demande ce qu'est véritablement venue chercher notre héroïne, car elle n'a pas avancé d'un iota dans sa quête.
Ce tome est très semblable au premier, il introduit un univers, des personnages, ouvre l'appétit, mais ne développe pas l'intrigue principale. La construction de la saga peut se comprendre, la tome 1 ouvre et le tome 2 répond, le tome 3 ouvre et le tome 4 conclut. Cette construction en écho se défend pour le tome 1 — porte d'entrée sur l'univers des arches suspendues — mais réserve une place assez accessoire au tome 3 dans le déroulé de l'action principale, si bien qu'il sera probablement possible, voire pertinent, de lire les tomes 1, 2, 4 en oubliant celui-ci sans souffrir d'aucun manque. Verdict à la sortie du tome 4.