Jean-Louis Murat, aha... pour la plupart des gens, c'est le mec qui a chanté avec Mylène Farmer dans "Regrets". Pour ceux qui ont jetés un coup d'oreille, c'est le mec qui est complètement timbré et qui fait en plus de la musique. Je veux dire par là que c'est un artiste qui mériterait d'être davantage connu. Parce qu'il a du talent, c'est incontestable. C'est juste un chanteur maudit, comme l'a été Gainsbourg ou Ferré, et qui sont devenus des légendes plus tard. A mon avis, il faut juste attendre, pour lui. Mais il demeure qu'il a un défaut un tantinet problématique: au niveau des paroles, tu comprends rien. Mais rien de rien. Autant certains tordus font quand même en sorte qu'on comprenne le sujet de la chanson, autant lui il ne s'encombre pas de ce genre de détails... c'est ça qui l'empêche d'être vraiment un très grand chanteur. Il a tous les outils en main, il peut le faire.
Il suffit d'écouter "mais qu'est-ce que ça veut dire ?", qui est sans doute ma chanson préférée de Murat. Difficile de ne pas accrocher. Pour ceux qui ne l'ont pas compris, cela parle de la Transmission, plus précisément entre un père et son enfant. "Sans pitié pour le cheval", qui parle de la guerre je crois, est également une très bonne chanson. "Rémi est mort ainsi" fait parti de ses chansons chelous où il raconte des histoires morbides... mais que t'écoutes quand même avec plaisir, comme un délice malsain. Il en résulte aussi une certaine fausse insouciance dans sa façon de chanter. "Alexandrie" est un hommage à un proche (je l'ai compris en voyant la dédicace dans le livret, sinon j'aurais jamais trouvé...). Le texte est beaucoup trop alambiqué pour être émouvant, mais les chœurs et le talent de composition évident rendent la chanson très accrocheuse quand même. "Haut Averne" n'est pas inoubliable. "Je voudrais me perdre de vue", qui est plus compréhensible que les autres, y gagne en intensité. "Vendre les prés", qui suit cette lignée, est moins expérimentale et difficile d'accès (à l'instar de "Camping à la ferme" dans "Babel"), surligne son obsession par rapport à son enfance passée à la campagne. Une réussite aussi. "Le champion espagnol" est génial. J'ai rien compris au texte, mais la musique est tellement belle que j'adore quand même. "Les rouges souliers" et "Lettre de la Pampa", qui se ressemblent à mon gout, achève bien le disque.
Alors, certes, cet album ne vous ouvrira pas la porte. C'est à vous de la défoncer. Mais vous verrez, derrière cet accueil peu favorable, il se cache une baraque très belle.