Ah Médine... Un artiste que je suis attentivement depuis des années, notamment depuis l'album Arabian Panther et son premier titre Self defense, sortis en 2008. J'ai toujours été attiré par l'œuvre du rappeur, notamment par ses textes engagés et son timbre de voix reconnaissable entre mille.
Pas toujours convaincu par ses albums dans leur intégralité, Médine continue avec les années de faire partie des références dans son domaine et chaque sortie est particulièrement scrutée.
Pour trouver ma voie j'ai pas eu besoin de vocoder
Si Médine écrivait ces quelques mots en 2011, l'artiste a largement évolué sur la question à la fin des années 2010 en intégrant progressivement l'autotune dans sa musique. Pourtant, plus que l'utilisation de l'autotune en lui-même, la dénaturation de la voix de Médine, partie centrale de son œuvre, semble porter préjudice à l'artiste.
Des craintes justifiées ?
Inquiet après la sortie du premier extrait Grand d'la tess (en featuring avec Hatik) mais plutôt rassuré par le second FC Grand Medine, je dois avouer que je n'étais pas habité par l'optimisme à l'approche de cet album. Étant de moins en moins convaincu par la direction artistique prise par Médine et déçu par le casting annoncé de Grand Paris 2 (après le casting 5 étoiles du premier épisode), mon engouement était assez mesuré.
L'album commence avec un titre convaincant (Ignorez l'intro), suivi par le très bon FC Grand Médine. La quatrième piste God Complex est également l'une des meilleures de ce nouveau projet. Mais, entre temps, vient la première déception de l'album, Grand dla tess.
Cette alternance entre réussites et échecs va ensuite dicter le rythme de l'album. En effet, selon moi, la nouvelle œuvre de Medine affiche une moyenne d'un titre sur deux réussi/raté.
Entre forces et faiblesses
Si l'on observe la première moitié de l'album, le projet est plutôt convaincant avec une grande partie des meilleurs titres de l'album. Cependant, la deuxième moitié est plus quelconque, malgré la présence de bons titres comme le nouvel Enfant du destin (meilleur titre de l'album ?), cette fois dédié au peuple ouïghour, ou le featuring avec Bigflo & Oli, encore une fois très bons sur une collaboration.
Sur ce nouvel album, Medine intensifie encore davantage l'utilisation de l'autotune. Malheureusement pour le havrais, son public n'est absolument pas prêt à le voir utiliser ces sonorités alors que sa voix rauque le caractérise particulièrement. Les morceaux autotunés ne sont d'ailleurs pas les plus grandes réussites de l'album (si l'on omet le titre Voltaire) alors que les titres les plus "rap" sont certainement les mieux réussis.
Tiraillé entre ses deux envies, le morceau Ray montrera d'ailleurs parfaitement la dualité entre le Médine néo-chanteur et le Médine rappeur.
L' heure du bilan
Concrètement, l'album paraît en dents de scie, partagé entre très bons morceaux et morceaux oubliables.
Au rayon des déceptions, il est impossible de ne pas mentionner Grand Paris 2 (pas intrinsèquement vraiment mauvais dans son ensemble mais qui souffre de la comparaison en raison de son titre), alors que le premier avait réussi à réunir de très gros noms avec certains excellents couplets.
Il est indéniable que nous retiendrons plusieurs titres de cet album, ce qui n'est pas une chose banale. Médine le démontre, il est encore totalement apte à proposer des titres intéressants. Néanmoins, son univers paraît de plus en plus éloigné des attentes de son public.
Selon moi, nous ne sommes pas sur la meilleure version de Médine et, malheureusement, cela ne semble pas aller en s'arrangeant.