Guèr(r)e d'amour
7.3
Guèr(r)e d'amour

Album de Art Mengo (1992)

1991 fut l’année de la révélation pour Michel Armengot, titré d’une Victoire de la Musique dans la catégorie des révélations des artistes variétés masculins. Cette case n’est-elle pas réductrice pour Art Mengo, nom de scène d’un artiste polyphonique issu des planches délabrées des bars ? Pis encore, la leçon n’enseigne-t-elle pas la marche que représente un second album dans une carrière ? Autant de questions à l’écoute de « Guerre d’amour », sorti en 1992.


Le Toulousain, d’origine espagnole, est un romantique dans l’âme. Il est aussi un amateur des mots : il écrira pour bon nombre d’artistes francophones à succès parmi lesquels Florent Pagny, Enrico Macias, Johnny Hallyday ou Juliette Gréco. Ainsi, il essaime dans le paysage musical ses mélodies langoureuses avec le cœur sur la main. Art Mengo distille sa voix si particulière, propice aux susurrements au creux de l’oreille. Parcourant sans difficultés les dimensions amoureuses, l’album les retranscrit brillamment en musique : de la lévitation synthétique, la guitare graveleuse du blues se fraye un chemin dans le lumineux décor hispanisant qu’Art Mengo bâtit jusqu’à sa Juliette. Or, si « Guerre d’amour » se rapproche au plus près des soubresauts du cœur, il faut reconnaître une analogie dans le parcours de l’album. Des hauts, et des bas. « Gino » est un succès incontournable, pendant que « Nous nous désaimerons » est un tour de force. Plus discret, « Agonies d’amour » est un point culminant dans l’exercice mélancolique du chanteur, magistrale architecture crooner au cœur tendre. A l’inverse, « Ma tombe » ou le « Le courant charrie » n’assurent pas les espoirs escomptés, vindictes d’une œuvre polyphonique à deux vitesses. Finalement, « Quand les mots se taisent » viennent clore un deuxième album plutôt réussi et plutôt jacassier. Exercice réussi pour le Roméo à la guitare, qui verra sa carrière définitivement lancé par ces 12 titres explorant les variétés de l’amour. Somme toute, la variété accueille-t-elle en son sein un artiste qui se plaît lui-même à se divertir, voire se transir, sur les élucubrations du sentiment amoureux universel ? La sincérité des mots et les péripéties de son âme prouvent que les Victoires de la musique avaient tort (encore… !).

Débruit
6
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le 11 janv. 2019

Critique lue 36 fois

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