Le coup de langue qu'on attendait plus

Soyons honnêtes deux secondes, pour ma part je ne m'attends pas à une révolution musicale de la part d'un groupe qui a 60 ans de carrière. Si certains regrettent de ne plus ressentir le frisson d'antan, pour ma part c'est la première vraie sortie du groupe que je vis "en direct" puisque j'étais trop petit pour A Bigger Bang et que je suis passé un peu à côté de Blue & Lonesome quand il a débarqué dans les bacs.

L'album est produit par Andrew Watt qui avait la lourde tâche de "créer" le son des Rolling Stones de 2023, avec Charlie Watts qui est évidemment absent sur une très grande partie de l'album. On se retrouve donc avec quelque chose d'assez pêchu pour la batterie, on garde les restes Blues dans le son des guitares, et pour ce qui est de la voix de Mick Jagger elle est assez lisse, un peu hors du temps. Le chanteur s'est d'ailleurs amusé à s'harmoniser de temps en temps, ce qu'il faisait rarement jusque là.

Que valent les chansons ? Eh bien globalement ça bouge. J'aime les Stones pour leur côté Rock, pas tant pour leur dimension Blues, et ça tombe bien pour moi l'album est plus Rock que Blues. Angry fait le café en morceau d'ouverture même s'il est très simple : ça met immédiatement de bonne humeur. Bite My Head Off détonne aussi avec son rythme plutôt rapide et sa basse saturée très lourde qui a été confiée à un petit jeune dans le milieu qui s'appelle Paul McCartney. Whole Wide World vient prolonger le plaisir en hymne à stade fédérateur et l'album change un peu d'ambiance ensuite. Le clou du spectacle est l'enchaînement de deux morceaux inattendus à la fin du disque. Dans un premier temps, une collaboration magnifique entre les Stones, Lady Gaga et Stevie Wonder qui s'intitule Sweet Sounds of Heaven. Ça n'a pas la prétention de réinventer la roue mais l'ambiance de ce morceau est particulièrement magique, 7 minutes de bonheur auxquelles je ne m'attendais absolument pas.

Et enfin, bien que ce ne soit pas du tout le dernier morceau du groupe puisqu'un autre opus est prévu d'ici peu, il y a Rolling Stone Blues. C'est une reprise de Muddy Waters enregistrée de façon assez sobre et intimiste et c'était très logique pour boucler la boucle et rendre hommage à Charlie Watts en revenant aux sources.

Autre édition :

Hackney Diamonds - Live Edition (2023)

L'album est sorti en octobre, mais chez les Rolling Stones on aime faire du pognon facile. Une réédition voit le jour dès la mi-décembre avec un deuxième disque qui contient l'enregistrement d'un concert privé à New York donné à la sortie de l'album. Ce petit concert permet de découvrir quelques titres de l'album en Live et constater que même à 80 balais, le groupe assure encore. Le Live permet aux titres de respirer un peu parfois, ce qui peut rapidement être constaté sur Angry qui est beaucoup moins lisse que la version studio. Accompagnés de Lady Gaga sur scène, les membres du groupe ont aussi pu à cette occasion s'éclater sur Sweet Sounds of Heaven, qui est définitivement un petit bijou inespéré pour un groupe avec une si longue carrière.