Big Sean est un rappeur américain principalement connu pour avoir collaboré avec Kanye West, Chris Brown et autres Lil’Wayne, s’inscrivant ainsi dans la lignée du rap US actuel. Sans révolutionner un genre, Big Sean présente une voix agréable qui le diffère des habituels rappeurs de la côte est. Il sort cette année son deuxième album Hall of Fame, l’occasion pour nous de le découvrir.
Tout d’abord, on peut dire que Big Sean n’est pas du genre à se moquer de ses fans en terme de longueur. Un album d’une heure et quart les attend, rempli de beats lourds et soignés qui fournissent la base la plus impactante du disque. S’ajoutent ensuite des éléments classiques du bon rap : samples émotionnelles où se marient des featuring. Un flow plutôt vif qui se laisse combler par une ambiance groovy, englobée par le sujet de prédilection des artistes : l’amour. Un fil principal auquel on aurait aimé retirer les textes un peu simplistes du type « She tell me she love me, I’m everything that she wants » sur fond de Niggas’ Rebellion exacerbée. La pointe commerciale à laquelle il est complexe d’adhérer, tant la formule nanas en mini-shorts nettoyant une voiture rouge à fait son temps. Cette tendance s’efface lorsque l’accélération des beats reprend ses droits en pleine envolée dub et s’agrémente d’un flow équilibré et aigu. Pas de refrains typiquement préfabriqués, la place est laissée aux mots. Parfois, Big Sean côtoie même le sublime dans la mélancolie. La sensibilité et la poésie prennent le dessus sur l’aspect sommaire des titres. Pas de mystères, le rap est toujours plus beau lorsqu’il est triste.
Les grandes faiblesses de l’opus demeurent les envolées au vocoder où les intros que David Guetta aurait pu composer. Ces parties écrites pour le dancefloor qui gâchent l’allure d’un travail pourtant qualitatif. Un éventail de titres est à notre disposition, et ce qui prime est sans doute cette pesanteur agréable et enrichie par des mélodies ravageuses, parfois entraînantes ( » Guap » ) ou encore lancinantes lorsqu’elles sont rehaussées par de nombreux échos. L’ensemble s’écoute aisément, on reste charmé par le timbre de la voix et les atmosphères qui s’étouffent et s’allègent au fur et à mesure.
Bien qu’il soit évident que sur de telles longueurs, les titres se répètent quelque peu, on a largement le temps d’être satisfait et de s’écarter de l’ennui durant le long voyage de Hall Of Fame.