Harmonic Tremors par Christophe Muller
Quand un album sortait chez Hydra Head Records (dur à accepter qu'une "institution" telle que celle-ci ait dû fermer ses portes), on était en droit d'espérer de l'ouvrage de qualité, et l'album "Harmonic Tremors" ne déroge pas à la règle. En même temps, un peu normal puisqu'on y retrouve des éléments d'autres groupes qui ont déjà fait leur preuve sur ce label. Aussi, certains passages se rapprochent parfois par certains aspects de Godflesh ("Levitate" et "Peripheral Lows"), ou plus proche de nous, de Cult of Luna. Mais avant tout, il est simplement la progression logique de ce qui a été accompli jusque-là par le duo qui le compose dans leurs groupes précédents.
Zozobra est en effet constitué du bassiste Caleb Scofield (Cave In) et du batteur Santos Montano, et est né sur les cendres encore toutes chaudes du side-project Old Man Gloom (dont le troisième album s'appelait d'ailleurs "Seminar III : Zozobra"), dont ils faisaient tous les deux partie, ainsi qu'un certain Aaron Turner, leader d'Isis et fondateur d'Hydra Head. Pour appuyer encore un peu plus cette filiation, ces deux noms de groupe désignent la grande effigie qui tous les ans est brûlée en septembre aux fiestas de Santa Fe, au Nouveau Mexique (Montano comme Turner en sont originaires). Rien à voir donc avec le festival "Burning Man" qui a repris le concept, mais pendant lequel des hippies sur le retour errent à moitié à poil dans le désert du Nevada. Ce projet est en fait né de l'opportunité qui s'est offerte à Scofield, après la dernière tournée de Cave In, de pouvoir se pencher sur des compositions personnelles qu'il souhaitait concrétiser depuis longtemps, ce qu'il n'avait pu faire jusqu'alors faute de temps disponible.
On se situe musicalement vers un post-hardcore teinté d'une pointe de stoner, avec un chant qui alterne pour sa part chant mélodieux et énervements rauques, correspondant bien aux "tremblements harmonieux" du titre de l'album. Celui-ci bénéficie de plus d'un très bon son, ayant été produit par Andrew Schneider, qui a travaillé entre autres - en plus de Cave In - avec Unsane, Pelican, The Ocean ou encore Made out of Babies. On commence ainsi par "The Blessing" aux airs faussement entraînants, jusqu'à ce que tout ralentisse et s'assombrisse après une poignée de minutes, jusqu'au dernier titre épique "A distant Star fades". Entre-temps, les titres se seront succédés sans se ressembler, faisant trembler les repères à coups répétés d'une puissance maîtrisée.