ɯnqlɐ uoq un ʇuǝɯıɐɹʌ ʇsǝ ıɔǝɔ

Ressenti publié dans le cadre de mon classement intégral de la discographie de David Bowie, composée de 26 albums studio.

Numéro 16 : Heathen

Après Hours, Bowie enregistre en 2000 un album censé sortir l'année suivante. Cet album se nomme Toy mais le projet tombe à l'eau suite aux soucis financiers du label (EMI/Virgin). L'artiste anglais s'oriente à la conception d'un nouvel album, aux côtés de son ancien producteur Tony Visconti, réunis pour la première fois depuis la création de l'album Scary Monsters en 1980. Cet album, c'est Heathen.

Si le chanteur ne veut pas nécessairement faire de Heathen son album somme, il n'en reste pas moins qu'il laisse ici les expérimentations de la décennie précédente de côté et souhaite reconnecter avec la musicalité et le style d'écriture qu'était le sien auparavant. Cela se ressent, notamment d'un point de vue musical, bien que Bowie a remit au goût du jour ces sonorités en les modernisant. L'album eut un succès commercial et critique tout à fait honorable, certains le considérant d'ailleurs comme le meilleur album de l'artiste depuis de longues années.

L'album commence avec le superbe "Sunday", un long titre atmosphérique qui pose dès ses premières notes un ton grave et mélancolique bien qu'on se sent surélevé par le son hypnotique du titre. De cette très belle intro s'ensuit "Cactus", Bowie ayant pioché dans le catalogue des Pixies pour cette reprise pas très inspirée. D'autant plus dommage lorsque le morceau suivant est "Slip Away", une ballade rappelant ce qu'on pouvait retrouver dans Hunky Dory mais qui est totalement dans la digne lignée du premier titre du projet, avec toujours de synthé donnant un son bien distinctif en ce début d'album. Album qui continue avec le très appréciable "Slow Burn" qui s'il est plus rock, colle totalement à l'atmosphère de l'album, avec ses rifs de guitares qui hantent presque. Dans la continuité, "Afraid" est lui aussi un vrai bon moment et bien qu'il ai été initialement conçu pour "Toy", il est aussi assez annonciateur de ce que l'on pourra parfois retrouver dans le prochain album de Bowie, Reality, sorti l'année suivante. Si la reprise de Neil Young à travers son "I've Been Waiting For You" ne restera pas dans les annales, elle est tout de même bien efficace et a été bien arrangée pour bien coller à la couleur musicale de l'album. La deuxième moitié du projet est amorcée avec le particulier mais ô combien envoûtant "I Would Be Your Slave". Le rythme, les instruments, les paroles, la voix.. le tout forme un morceau à part dans lequel je me perds avec toujours un grand plaisir. "I Took A Trip On A Gemini Spaceship" est la troisième et dernière reprise de l'album. La reprise d'un titre bien particulier, signé Legendary Stardust Cowboy. La reprise n'est pas mauvaise mais aurait certainement plus collée aux albums qui précèdent Heathen à ce dernier, deux des trois reprises du projet correspondant aux moins bons moments de l'album. "5:15 The Angels Have Gone" est lui l'un des sommets de l'album, toujours ce son planant nous conférant dans différentes atmosphères. La suite est plus anecdotique et quitte un peu la ligne directrice de l'album, bien que "Everyone Say "Hi"" est un titre sympathique et "A Better Future", dans un degré moindre, l'est aussi. Heureusement, l'album se termine comme il faut avec le titre éponyme, assez fort dans son évocation et très bien porté musicalement. À noter que les trois derniers titres ressemblent assez à ce que l'on pourra retrouver sur le prochain album. Ce n'est pas la première fois que je le mentionne et le fait que les deux albums sortent à un an d'intervalle (chose qui était devenue rare dans la carrière de Bowie) doit jouer.

Heathen est donc un globalement un très bon cru de David Bowie, il n'y a aucun doute dessus. Recherché musicalement et d'une atmosphère certaine et singulière, on y retrouve un David Bowie inspiré, plus que dans l'album précédent Hours qui n'arrivait pas à être plus qu'un album sympathique. On s'éloigne parfois de la ligne éditoriale de l'album et c'est un petit peu dommage, mais c'est souvent le temps d'une chanson donc ce n'est pas si dérangeant. Heureusement que le label avec les ressources pour le produire, celui-là..