Rarement un album aura suscité autant d’enthousiasme critique : hexed! est porté aux nues par Pitchfork, The Quietus ou encore Resident Advisor. Unanimement salué pour son inventivité formelle, son engagement thématique et sa radicalité sonore, il s’impose déjà comme une référence de la musique expérimentale contemporaine. Cela n’empêche pas une réception plus nuancée, voire critique, selon les sensibilités.
Car aussi remarquable soit-il dans son intention, hexed! m’apparaît avant tout comme une œuvre théorique, dont la densité formelle étouffe l’impact émotionnel. Le traitement des thèmes — trauma, addiction, transformation — reste abstrait, voire désincarné, malgré l’intensité vocale d’Aya. L’album pousse si loin sa logique de déconstruction (voix distordue, structure éclatée, textures abrasives) qu’il en devient difficile à suivre, et surtout, peu mémorable.
Oui, la production est redoutablement précise, et l’univers sonore d’une singularité incontestable. Mais cette rigueur extrême finit par desservir l’album en le rendant fermé, peu perméable à une écoute instinctive. En somme, hexed! fascine autant qu’il épuise.
Un objet artistique fort, que l’on admire peut-être sur le papier, mais que l’on écoute sans plaisir, sans attachement, sans envie d’y revenir.