High Hopes par avisdupublic_ne
Bientôt trois semaines que cet album est sorti, et il se démarque déjà des autres! Toute première chose : il est composé de plusieurs reprises, de lui-même ou d’autres, et de morceaux enregistrés lors de sessions pour d’anciens albums non retenues. Un fait pour le moins étonnant quand on connaît le boss, qui préfère offrir des albums uniformes, quitte à mettre des perles de côté… C’est pourquoi on retrouve des morceaux assez électriques, et d’autres très mélodiques. Dans cette dernière catégorie, la plus belle et la plus sobre est pour moi The Wall, avec une atmosphère belle et triste à la fois. Dans ce style, quoique plus progressive mais tout aussi poignante, sa propre reprise de American Skin (41 shots). Une superbe chanson avec une atmosphère très planante, et un beau solo de guitare qui m’a touché. C’est une chanson assez chère pour The Boss, puisqu’elle fait allusion au meurtre d’un jeune noir commis par la police New-yorkaise à la fin des années 90, criblé de 41 balles (lui n’était pas armé). Une chanson avec des symboles très forts qui avait crée une très grosse polémique lors de sa sortie, et renforce encore plus la puissance de cette chanson. On peut aussi citer Dream Baby Dream, assez originale dans les arrangements et dans la mélodie, un morceau taillé pour le chant de Springsteen.
A côté de perles comme celles-ci, on a droit à beaucoup de couleurs différentes grâce à des arrangements inventifs, par la présence de violons sur certaines pistes (sonnant un peu country), ou encore de cuivres (dans High Hopes) me faisant presque penser à du Joe Cocker ! J’ai également noté des chants gospels dans Heaven’s Wall, et même des cornemuses (ou des bombardes… Je ne saurais trop quoi dire !) dans This Is Your Sword, qui nous transporte momentanément en pays celtique ! Beaucoup de belles inspirations donc, mais qui ne valent pas les émotions suscités lors de morceaux tels The Wall et autres.
Une seconde chose, et pas des moindres, puisque la troupe habituelle de Bruce, le E Street Band (qui aura collaboré avec de nombreux autres artistes) ne compte pas dans ses rangs le guitariste Steven Van Zandt, et est remplacé par le célèbre et très talentueux Tom Morello (ancien guitariste de Rage Against The Machine et d’Audioslave). Nombreux sont ceux qui connaissent les liens entre les deux musiciens, mais qu’il figure dans la majorité des chansons de cet album est un événement assez important ! L’effet qui en ressort est immédiat, notamment dans Harry’s Place , où l’on entend dès l’introduction le son caractéristique du jeu de Morello, nerveux, prêt à mordre ! Mais que les puristes se rassurent : le guitariste n’éclipse pas le style délicat de Bruce Springsteen… Ou seulement quand le boss l’autorise, à l’image de sa propre reprise de The Gohst Of Tom Joad, un morceau à la base à forte influence folk datant de 1995 est clairement arrangé pour mettre en avant toute le talent et la classe de Mr Morello, avec notamment un solo de guitare qui occupe une bonne partie de la chanson. Un superbe morceau qui met bien en évidence la complicité entre les deux hommes et combine très bien les styles de ces deux pointures !
La présence de ce dernier permet de donner des accents beaucoup plus électriques et mordants à cet album qui complètent, à mon sens, très bien les compositions de Springsteen, et renforcent le sentiment que l’album a été un assemblage de morceaux d’influences diverses, tout en gardant une patte Springsteen très visible.