de grands espoirs un poil déçus...
Dieu que j'aime Bruce! C'est peu dire que déclarer que lui et son E-street Band ont livré les plus intenses et brillants concerts rock que je n'ai jamais vus!
Ce disque s'annonçait comme un "déjà-vu" sonore. En effet, "High Hopes" le titre phare avait été enregistré à l'époque de la re-formation du groupe à l'occasion du "Greatest Hits" des années 90. De plus: "High Hopes" = reprise; "Just like fire would" = reprise. "Dream baby dream" (autre reprise des Suicide). "Ghost of Tom Joad", déjà présent sur l'album-solo-mythique-énormissime éponyme, est ici revisité, comme bon nombre de morceaux, avec l'aide de Tom Morello ("American Skin" aurait pu rester sur sa bouleversante version du Madison Square Garden lors du "Live in New York City" (2000)). En effet, les 2 artistes ont récemment collaboré sur la tournée australienne du Boss, le guitariste d'Audioslave ayant remplacé Steve Van Sandt dans le E-Street à l'occasion de cette virée au pays d'AC/DC.
La déception, pourtant, n'est pas si grande que cela. En effet, O'Brien - déjà producteur de "Wrecking ball" - a fait du bon travail sur ces morceaux (originaux ou légèrement datés). Morello aussi: il brille sur "Ghost of Tom Joad" (rivalisant - si l'on puit dire - vocalement avec le Patron), étonne par sa "popitude" sur "Just like fire would"... non, décidément, difficile d'être totalement bougon face à l'opus.
On retrouve ici des chutes de "The Rising" (2002) ou de "Magic"(2007), des morceaux rodés lors de précédente tournées (l'exceptionnel "Dream Baby Dream", ballade lancinante et bouleversante, avait été présentée au public de la tournée solo "Devils and Dust", par exemple) mais aussi des morceaux comme "The Wall" (référence à un mémorial pour les soldats disparus à Washington) où l'on retrouve le Springsteen de Nebraska, se mettant dans la peau d'un personnage et traitant des méfaits de la guerre et des travers de la politique de son pays. Le tout ré-enregistré cette année avec ses acolytes de toujours et le guitariste de Rage against the Machine.
Tout est là... mais dans le désordre, parfois dans l'incohérence ("Harry's place", qu'à l'heure actuelle je n'ai toujours pas comprise) et ce doux fatras se laisse évidemment écouter, moins bien tout de même que "Wrecking ball" ou "Working on a dream". Au lieu de sortir un "Tracks 2" ("Tracks" étant un coffret de 4 CD reprenant des titres non-choisis sur les albums de Bruce et ce depuis le tout début de sa carrière jusqu'aux années 90), Bruce s'amuse à reprendre les autres et à se reprendre... de justesse.