Orphan Black par avisdupublic_ne
Sarah, jeune escroc à la dérive, assiste par hasard au suicide d’une jeune femme qui lui ressemble beaucoup. Lorsqu’elle lui vole ses affaires et décide de s’introduire chez elle pour la dépouiller, Sarah va découvrir avec horreur que la jeune femme en question faisait bien plus que lui ressembler : il s’agissait en fait d’un clone parmi d’autres, et quelqu’un semble décidé à tous les éliminer…
Le clonage humain, illégal et impossible, comme le dit un personnage de la série ? Cette première saison nous fait entrer de plein pied et ce dès le premier épisode dans la théorie du complot : oui les clones existent, ils vivent parmi nous, et ils ont des vies tout à fait ordinaires pour la plupart, les mêmes aspirations que les humains « normaux ». La série évacue ainsi d’emblée la question morale qui parcourt le genre littéraire ou cinématographique de l’anticipation puisque les clones ont déjà été intégrés à la société de manière clandestine. Pourquoi sont-ils là ? Cette saison esquisse à peine une réponse qui, sans vous spoiler, semble un peu légère. Comment la technique de clonage a été mise au point ? Absence de réponse. Le mythe des scientifiques progressistes est lui légèrement approfondi en fin de saison. Bref, nous restons un peu sur notre faim sur ces aspects fondamentaux que nous aurions aimé découvrir sous un angle nouveau, les romans d’Asimov et autres Ghost in the Shell commençant à dater quelque peu (faut-il retenir le film sur le sujet avec Bruce Willis ?).
Pour autant ne nous y trompons pas, si ces aspects sont peu ou pas abordés, ce n’est pas par fainéantise, mais parce que l’angle choisi par les scénaristes est celui de l’humain. Quelle est la part d’inné et d’acquis chez ces clones intégrés dans la société ? Peuvent-ils donner le change par rapport aux humains « normaux »? Sont-ils même des personnes différentes, des humains bien distincts les uns des autres alors même qu’ils partagent le même ADN ? Sont-ils interchangeables ? Autant de thématiques abordées tout au long de la série, qui s’entrecroisent de plus avec l’intrigue policière/thriller.
La trame la plus intéressante est justement l’enquête menée par les clones sur leurs origines : qui est derrière leur création ? Pourquoi et comment ont-ils fait ? Cette saison est riche en rebondissements divers qui nous en apprennent un peu plus sur ces humains pas comme les autres, et pose à mesure des découvertes beaucoup d’autres questions. S’ajoute à cette histoire déjà bien chargée un tueur en série qui élimine les clones les uns après les autres. Pas de panique, le scénario est clair, l’intrigue assez bien menée, le spectateur n’est jamais vraiment perdu et a même la chance de ne pas toujours réussir à anticiper les dénouements successifs, ce qui devient bien rare dans un monde dominé par les productions américaines un peu poussives. Le ressort scénaristique du tueur peine toutefois à donner plus d’intérêt à une série qui est déjà assez riche, et le spectateur est d’ailleurs plus captivé par les interactions entre les clones et leur enquête que par cette menace qui plane au-dessus de leur tête.
La révélation de la série est sans conteste l’actrice principale, Tatiana Maslany, d’ailleurs nominée cette année aux Golden Globes comme Meilleure Actrice. Et il est tout à fait troublant de constater que celle-ci joue avec une facilité déconcertante les rôles de tous les clones. La mise en scène n’esquive d’ailleurs pas les confrontations entre ses divers personnages, il est même facile d’oublier qu’il s’agit de la même actrice tant les accents, la manière de parler, les gestes et les démarches diffèrent d’un clone à l’autre. Il s’agit du véritable point fort de la saison, d’autant que ces personnages sont plutôt attachants.
Le reste du casting est un peu moins convaincant, entre un frère gay ultra-cliché et maniéré au point qu’il en devient artificiel, et un ancien petit ami qui oscille entre bad guy et loser ridicule. On retrouve toutefois avec bonheur l’excellente Maria Doyle Kennedy, déjà appréciée pour sa justesse dans Les Tudors.
Orphan Black est sans aucun doute une série de qualité, comme toujours avec la BBC. Elle a le mérite de vulgariser les thématiques chères à la SF, le scénario est sympathique, et la performance de Tatiana Maslany véritablement bluffante. La saison 2 est d’ailleurs déjà en route.
Nous aurions aimé qu’elle aille en revanche beaucoup plus loin dans la réflexion sur sa thématique de fond et que la partie thriller soit un peu plus dense.
Oui Orphan Black est donc une série à découvrir, mais elle reste la série du dimanche après-midi sans prise de tête, ou quand vous n’avez plus d’excellente série à regarder.