Deux coups de batteries, puis la combinaison orgue/guitare avant que la voix si unique de Bob Dylan entonne les premiers mots de « Like a Rolling Stone » et s’ouvre l’un des albums les plus important de la culture pop/rock, album qui, fort heureusement, s’avère à la hauteur de son importance. Dans cette superbe ouverture, alors le single le plus long de l’époque (D’ailleurs sur le disque et 45 tours d’origines, un temps plus court était écrit pour ne pas effrayer les disques-jockeys), Bob Dylan évoque cruellement la chute sociale d’un personnage. L’osmose entre les musiciens (notamment Al Kooper à l’orgue et au piano ainsi que Mike Bloomfield à la guitare) est déjà parfaite et son refrain (entre autre) est inoubliable (How does it feel / How does it feel / To be on your own / With no direction home / Like a complete unknown / Like a rolling stone ? ».
L’album a été vu par une vraie trahison par les premiers fans de Bob Dylan, c’est celui où il passa entièrement à l’électrique. Il y compose les neuf chansons pour un album d’une petite cinquantaine de minutes où il y brasse toutes ses influences allant du folk aux ballades et surtout en passant par le blues, très présent sur cet album. Neuf titres et rien à jeter.
Après les six fabuleuses minutes de « Like a Rolling Stones », il continue sur sa lancée avec le rapide et excellent « Tombstone Blues » où il mélange guitare acoustique et électrique à merveille, le très bon blues « It Takes a Lot to Laugh, it Takes a Train to Cry » puis « From a Buick 6 » où Dylan nous gratifie d’un superbe solo d’harmonica. Une des chansons les plus rock de l’album avec l’excellente et boogie chanson titre, hymne à cette fameuse route. D’excellents titres qui marquent le renouveau dans la direction musicale prise par Dylan et on (je ?) ne peut qu’approuver ce choix. Le plus lent « Just Like Tom Thumb’s Blues » est aussi très bon (encore une fois il fait des merveilles à l’harmonica), tout comme la ballade « Queen Jane Approximately ».
Et enfin, le crépusculaire « Ballade Of a Thin Man » et la chanson la plus longue « Desolation Row » qui clôt merveilleusement l’album sont deux autres grands titres du disque et de la carrière de Dylan. Cette dernière où Dylan reprend la guitare acoustique et se fait mélodique de manière fabuleuse durant onze minutes. Pour l’anecdote, Dylan a dit à Keith Richards « J’aurais pu écrire « Satisfaction », mais tu n’aurais jamais pu écrire « Desolation Row ». »
A mon gout, le meilleur album de Dylan, un album où il excelle sur toutes les chansons. Son groupe l’accompagne à merveille et ils nous livrent un condensé de blues, folk, poésie ou encore rock. Un bijou.